Les habitants de Zenegi à Merauke demandent à PT SIS de tenir ses promesses

Zenegi
L'un des véhicules de transport de bois appartenant prétendument à PT SIS lors de son passage sur la route menant au village de Zenegi. - IST

Merauke, Jubi – Les habitants du village de Zenegi, district d’Animha, régence de Merauke, Papouasie du Sud, admettent que la présence de la société de PT Selaras Inti Semesta (PT SIS) — une filiale du groupe Medco — depuis environ 15 ans à Zenegi n’a pas eu d’impact positif sur les résidents locaux. Bien qu’au début de son activité, l’entreprise ait promis beaucoup de choses aux habitants.

Cette entreprise de plantation forestière industrielle aurait commencé ses activités à Zenegi en 2008. PT SIS a obtenu du gouvernement une concession foncière de 164 400 hectares, dont la zone d’exploitation comprend la majeure partie du village de Zenegi, dans le district d’Animha, et du village de Buepe, dans le district de Kaptel.

Le chef du village de Zenegi, Natalis Basik Basik, a dit à Jubi dimanche (14/5/2023) que PT SIS avait fait plusieurs efforts de communication et de négociation avec la communauté du village en 2008.

La société a également conclu plusieurs accords avec des résidents et des clans de propriétaires de terres, mais jusqu’à présent, les résidents n’ont jamais vu ou reçu de documents d’accord de la part de PT SIS.

« L’entreprise a dit qu’elle va faire un document concernant l’accord, mais jusqu’à maintenant, les habitants et moi-même, on n’a jamais vu, reçu et lu le document. Verbalement, on nous a dit que l’accord concerne la responsabilité sociale de l’entreprise pour les habitants de la région », a indiqué Basik Basik.

Basik Basik a expliqué que les promesses de PT SIS concernant la responsabilité sociale de l’entreprise comprenaient la construction de maisons pour les résidents, la participation aux frais d’éducation des enfants de l’école élémentaire à l’université, et le recrutement de la main-d’œuvre locale. L’entreprise a également promis de respecter l’ordre culturel de la communauté, notamment en ne détruisant pas les forêts sacrées, les hameaux de sagoutiers et les forêts où la communauté chasse les animaux.

« Il est vrai que des personnes locales ont été recrutées pour travailler dans l’entreprise en 2010, mais seulement pour un an. Après, il n’y a plus eu d’habitants locaux employés par l’entreprise. Les promesses concernant les fonds pour l’éducation et la construction de maisons ne sont pas réalisées », a-t-il ajouté.

Basik Basik a révélé que la présence de l’entreprise avait un impact négatif sur les résidents locaux. Certaines zones de la forêt qui servaient de terrains de chasse aux animaux pour les habitants ont aujourd’hui disparu. Désormais, pour chasser et obtenir de bons résultats, les habitants doivent se rendre dans un endroit plus éloigné en véhicule motorisé.

« La zone utilisée pour la chasse comme moyen de subsistance a aujourd’hui changé. Avant, on pouvait trouver des animaux en marchant 1 à 2 kilomètres. Aujourd’hui, ils doivent aller plus loin en moto », a-t-il expliqué.

« De plus, nos forêts de sagou, nos lieux sacrés et nos forêts sacrées ont aussi été endommagés. Il y a des arbres et des plantes associés à des totems dans la forêt. Ils ont défriché la forêt et les totems ont été détruits », a poursuivi Basik Basik.

Il a également dévoilé que la présence de PT SIS avait également provoqué des conflits au sein de la communauté concernant les terres. Plusieurs propriétaires de terre de Zenegi se disputent et revendiquent leurs terres, en particulier celles utilisées par l’entreprise.

« Il y a eu des disputes entre les résidents concernant les terres. Mais l’entreprise n’a jamais aidé les résidents en conflit à résoudre le problème », a-t-il confié.

Le village de Zenegi est habité par 670 personnes réparties en 128 familles. Le village compte cinq clans : Gebze, Mahuze, Kaize, Samkakai et Basik Basik.

Les habitants se sentent trompés

Bonifasus Gebze, l’un des figures de communauté du village de Zenegi, a dit que PT SIS avait menti aux habitants parce que, pendant environ 15 ans, la société n’avait pas tenu toutes ses promesses envers les habitants

« L’entreprise avait promis de cultiver non seulement la nature, mais aussi les gens (les villageois). Mais cela n’a pas été fait, et donc il n’y a pas de changement de qualité des habitants de ce village », a indiqué Gebze.

PT SIS, a poursuivi Gebze, a également promis de scolariser les enfants du village, de l’école élémentaire à l’université. Mais jusqu’à présent, l’entreprise n’a jamais contribué à payer les frais de scolarité des enfants.

« Si les enfants avaient été scolarisés de 2008 à 2023, beaucoup de nos enfants seraient devenus diplômés ou auraient peut-être travaillé dans diverses entreprises. En fait, il n’y en a pas. Ces promesses ne sont que des mensonges », a-t-il continué.

Outre l’éducation, PT SIS a également promis de construire des maisons et de fournir un soutien agricole aux habitants de Zenegi. Cependant, toutes les promesses de l’entreprise n’ont jamais été réalisées.

« On doit d’abord envoyer une lettre à l’entreprise si on demande de l’aide. Celle-ci est limitée aux deuils et aux vacances, et les promesses faites au début n’ont jamais été réalisées », a-t-il ajouté.

Entre-temps, l’un des habitants de Zenegi, Yohanes Paulus, a déclaré que les habitants s’étaient plaints de PT SIS auprès de la Chambre des représentants régionale (DPRD) de la régence de Merauke parce que la société n’avait jamais tenu ses promesses à l’égard de la communauté.

« On a déjà exprimé nos aspirations à la DPRD de Merauke, mais il n’y a pas eu de solution parce que l’entreprise n’était pas présente au dialogue. La DPRD nous a conseillé de bloquer la route menant au site de l’entreprise, mais on ne l’a pas encore fait, parce qu’on n’a pas d’accord », a raconté Yohanes.

Les journalistes de Jubi à Merauke ont essayé de vérifier auprès des représentants de PT SIS à Merauke. Cependant, la tentative de confirmation a échoué parce que l’adresse du bureau de représentation de PT SIS qui a été visitée n’était plus occupée par la société. (*)

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