Le commandant des TNI est prié de démettre le commandant de Kodam XVII/Cenderawasih de ses fonctions

TNI
Vidéo de torture par des membres des TNI du Yonif Raider 300/Braja Wijaya au début de février 2024. - IST

Manokwari, Jubi – Yan Cristian Warinussy, directeur exécutif de l’Institut de recherche, d’évaluation et de développement de l’aide juridique (LP3BH) de Manokwari, a exhorté le commandant des Forces armées indonésiennes (TNI), Agus Subiyanto, à démettre immédiatement le commandant de la zone militaire (Kodam) XVII/Cenderawasih, Izak Pangemanan, de ses fonctions pour avoir menti au public en disant que la vidéo de la torture présumée de trois civils papous par des soldats des TNI avait été modifiée.

« C’est parce qu’il n’a pas dit la vérité, qu’il a tendance à commettre des mensonges publics et qu’il est à la recherche de l’impunité concernant la persécution présumée des trois civils par environ cinq membres des TNI du bataillon d’infanterie (Yonif) Raider 300/Braja Wijaya au début de février 2024 », a indiqué Warinussy samedi (23/3/2024) à Manokwari, en Papouasie occidentale.

Warinussy a précisé que les civils étaient soupçonnés par les membres des TNI d’appartenir à l’Armée de libération nationale de Papouasie occidentale (TPNPB). Les malheureux ont ensuite été persécuté par quelques soldats soupçonnés d’appartenir au Yonif Raider 300/Braja Wijaya.

« Les victimes était couverte de sang dans un enregistrement vidéo d’environ 16 minutes. La vidéo a circulé très rapidement dans tout le pays, et même à l’étranger, regardée par des millions de net-citoyens. Malheureusement, Izak Pangemanan, commandant du Kodam XVII/Cenderawasih, l’a démentie, et a même dit que la vidéo était un canular et qu’elle avait été modifiée », a-t-il ajouté.

Comme l’a rapporté ceposonline.com vendredi (22/3/2024), Izak Pangemanan a démenti la vidéo qui circule. Izak a déclaré que les relations de Yonif 300 avec les civils étaient très bonnes lorsqu’il servait à Ilaga. « Il n’y a pas eu de tel incident, la vidéo a été éditée », a assuré Izak Pangemanan.

Cependant, selon le directeur du LP3BH de Manokwari, Yan Cristian Warinussy, le chef du Centre d’information (Kapuspen) des TNI, Nugraha Gumilar, a finalement confirmé que les persécuteurs étaient des membres des TNI.

Selon Warinussy, l’attitude du commandant du Kodam XVII/Cenderawasih tend à ternir la chevalerie des TNI. Par conséquent, il devrait recevoir une sanction juste et appropriée, à savoir être démis de ses fonctions.

La LP3BH de Manokwari demande également que les auteurs présumés soient immédiatement arrêtés, détenus et soumis à un examen approfondi afin d’être jugés par les autorités et, le cas échéant, démis de leurs fonctions au sein des TNI.

Warinussy a rappelé que les actions des membres des TNI constituaient une violation des principes de l’État de droit et de la Loi de procédure pénale. Le code de procédure pénale (KUHAP) régit le droit à la légitime défense et le droit à la présomption d’innocence pour toute personne soupçonnée d’avoir commis un crime, de sorte qu’elle ne devrait pas faire l’objet de persécutions et/ou de sanctions en dehors de la procédure légale.

La vidéo de ces abus est devenue virale sur les réseaux sociaux. Dans la vidéo, enregistrée de nuit, on voit cinq hommes entourant un tambour bleu à moitié rempli d’eau. À l’intérieur, un Papou indigène a les mains attachées dans le dos. Sa tête et son visage saignent, et du sang coule le long de sa poitrine.

Un homme vêtu d’un T-shirt vert lui donne des coups de poing et de coude à l’arrière de la tête à plusieurs reprises. D’autres hommes vêtus de pantalons de camouflage ont donné des coups de poing et de pied. Pendant ce temps, un homme vêtu d’une chemise bleu foncé semble calmer les autres.

Le porte-parole de la TPNPB, Sebby Sambom, a dit que les personnes torturées par les soldats des TNI n’étaient pas des membres de la TPNPB, mais des civils.

« Les TNI ont torturé des civils qui n’ont rien à voir avec la TPNPB de l’Organisation pour une Papouasie libre (OPM) », a dit Sambom samedi (23/3/2024).

Selon Sebby, la torture, qui a été enregistrée dans la vidéo virale, est un crime commis par l’armée indonésienne contre les trois civils de la régence de Puncak.

« Cet acte odieux montre que l’armée et la police indonésiennes ont un comportement terroriste à l’égard des Papous indigènes », a-t-il indiqué.

Toujours dans le déni, toujours à répéter

Le directeur de l’Association des défenseurs des droits de l’homme (PAHAM), Gustaf R. Kawer, a critiqué le comportement inhumain des forces de sécurité. Kawer a également critiqué le fait que dans les diverses violations des droits de l’homme en Papouasie, il n’y a pas d’initiative de la part du commandant pour prendre des mesures contre ses subordonnés qui commettent des violations des droits de l’homme.

« On n’entend pas parler de civils soupçonnés d’être des membres de la TPNPB qui sont remis à la police pour être poursuivis, mais de civils qui sont torturés au point de perdre la vie », a poursuivi Kawer.

Kawer a ajouté que les dirigeants des TNI n’ont réagi à l’affaire qu’après que la vidéo de torture soit devenue virale sur les réseaux sociaux. Kawer a critiqué la réponse initiale des responsables des TNI qui ont nié les allégations de torture et ont déclaré que les informations sur les tortures infligées par des soldats présumés des TNI étaient des fausses nouvelles.

« Ce n’est qu’après une forte pression de la part du public et des défenseurs des droits de l’homme que les autorités ont admis que les violences avaient été commises par des soldats des TNI. Cela a été fait tout en accusant la victime d’être affiliée à la TPNPB », a-t-il continué.

Kawer a déclaré que de tels cas de violence de la part des soldats des TNI sont des événements récurrents dans la terre de Papouasie.

« Après le Nouvel Ordre, on l’a vu dans les affaires d’assassinat de Theys Hiyo Eluay, du révérend Jeremiah Zanambani, d’Eden Bebari et de Ronny Wandik. Des dénégations ont été faites et des boucs émissaires ont été recherchés. Mais les résultats de l’enquête prouvent que les membres des TNI ont commis des violences contre des civils », a déclaré Kawer.

Kawer a précisé que l’incident n’aurait pas dû se produire si les commandants et les soldats des TNI servant dans le territoire de Papouasie avaient une bonne compréhension de la Déclaration générale des droits de l’homme, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, de la Constitution de 1945, de la Loi n° 39 de 1999 sur les droits de l’homme et des diverses lois régissant les devoirs et les pouvoirs des TNI. Les commandants et les soldats des TNI servant dans la terre de Papouasie devraient également comprendre les valeurs culturelles et la sociologie des Papous indigènes, en particulier les communautés autochtones où ils servent.

« La récurrence de la violence est aussi le fruit du fait que les auteurs de violations des droits de l’homme ne sont pas inquiétés par le tribunal des droits de l’homme. Il n’y a pas d’effet dissuasif sur les auteurs et le cycle de la violence continue. Les tribunaux des droits de l’homme et les tribunaux militaires ne sont qu’un moyen d’assurer l’impunité des auteurs de violations des droits de l’homme », a estimé Kawer.

Kawer a noté que l’État doit résoudre plus sérieusement les cas de torture par des soldats des TNI par le biais de mécanismes de défense des droits de l’homme. Les auteurs de ces actes, qui se trouvent au niveau des commandants, des officiers de terrain et des échelons inférieurs, doivent être poursuivis en justice afin qu’ils reçoivent une punition digne de ce nom. Le tribunal doit également fournir une compensation, une restitution et une réhabilitation à la victime et à sa famille.

« L’absence d’application de la loi dans de tels cas laisse de profondes blessures aux victimes, à leurs familles et à la majorité du peuple papou. De plus, cela indique aussi que l’État et ses lois sont absents », a-t-il fait savoir.

Vendredi (22/3/2024), le Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale (ULMWP) a dit que les violences étaient conformes au rapport initial obtenu. L’incident violent prétendument commis par des membres du groupe de travail sur la sécurité des frontières (Satgas Pamtas) de Yonif 330/Braja Wijaya des TNI s’est produit le 3 février 2024 dans la régence de Puncak, en Papouasie.

Le président exécutif de l’ULMWP, Menase Tabuni, a indiqué au Jubi qu’au cours de l’opération de ratissage, des membres de Satgas Pamtas de Yonif 330 ont arrêté trois Papous dont les noms sont encore en cours de vérification. Les victimes ont été emmenées dans un poste militaire pour y être interrogées. Elles ont ensuite été torturées.

« Ils ont ensuite été remis à la police de la station de Puncak avec des blessures. En les voyant, le chef de l’unité d’enquête criminelle a suggéré de les emmener à l’hôpital à Ilaga. Finalement, l’un d’entre eux est mort et les deux autres ont été rendus à leurs familles », a ajouté Tabuni.

Tabuni a souligné que la torture des trois victimes, connue du public grâce à ces deux clips vidéo, n’est qu’un petit aperçu de ce que le gouvernement indonésien a fait depuis mai 1963.

Au cours de cette période, la menace d’un génocide, d’un ethnocide et d’un écocide s’est profilée à l’horizon pour le peuple papou. Le public se souviendra certainement de plusieurs incidents de torture et d’assassinats inhumains de civils papous qui ont attiré l’attention du public après avoir été diffusés sur les médias sociaux.

Il a expliqué que l’Indonésie avait commis des actes sadiques par l’intermédiaire des forces de sécurité, comme le 13 août 2009 à Serui, lorsque des membres de la brigade mobile (Brimob) de la police provinciale (Polda) de Papouasie ont procédé à des fusillades et à des actes de torture qui ont abouti au meurtre de Yawan Wayeni.

Le 27 mai 2010, à Puncak Jaya, des membres des TNI ont torturé deux civils papous, Telenggen Gire et Tunaliwor Kiwo ou Anggen Pugukiwo. Ils ont été torturés par des membres des TNI en étant attachés avec des cordes et en ayant leurs parties génitales brûlées avec des charbons ardents. Les victimes ont également eu le visage recouvert de sacs en plastique noirs.

Le 8 décembre 2014 à Paniai, des membres des TNI ont abattu cinq Papous, à savoir Otianus Gobai, Simon Degei, Yulian Yeimo, Abia Gobay et Alfius You.

En juin 2021, à Merauke, deux membres de l’armée de l’air indonésienne ont commis des violences à l’encontre de Steven Yadohamang devant un étal de bouillie de poulet appartenant à l’un des commerçants. Le 22 août 2022 à Timika, des membres des TNI ont commis des actes inhumains en mutilant 4 civils papous, à savoir Arnold Lokbere, Lemanion Nirigi, Iryan Nirigi et Jenius Tini.

« De telles actions violent les valeurs humaines. Aucune loi ne justifie les actes de torture odieux que l’on voit dans les deux vidéos virales », a rappelé Tabuni.

Suite à la préoccupation et à l’insistance de la communauté internationale sur les violations des droits de l’homme en Nouvelle-Guinée occidentale par le gouvernement indonésien, y compris le rapport du secrétaire du rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme des Nations unies concernant la situation de menace de génocide en Nouvelle-Guinée occidentale, il a appelé la Haute Commission des droits de l’homme des Nations unies à former immédiatement une équipe d’enquête pour enquêter sur les violations des droits de l’homme et la menace de génocide pour la nation papoue.

L’ULMWP demande également au peuple de la nation papoue de se lever pour se défendre concrètement contre tous les crimes et menaces réels qui continuent de peser sur le peuple papou sur sa terre ancestrale.

Par ailleurs, Theo Hessegem, directeur de la Fondation pour la justice et l’intégrité de papous (Yayasan Keadilan dan Keutuhan Manusia Papua), a dit que les auteurs d’actes de torture doivent être immédiatement traduits en justice conformément à la législation applicable en Indonésie, car ces actes ont été commis en toute connaissance de cause.

« C’était très sadique quand les victimes ont été battues, tailladées à tour de rôle avec des couteaux, et qu’on leur a crié “Lève la tête, chien !” », a-t-il indiqué, imitant les mots des membres des TNI qui ont mené les persécutions.

Selon lui, ce traitement n’est pas très différent des périodes de l’Ancien et du Nouvel Ordre, lorsque l’Indonésie menait des opérations militaires à la terre de Papouasie.

« De temps en temps, l’Indonésie nous traite comme des animaux », a-t-il déclaré.

Le dialogue

L’archidiocèse de Jakarta (KAJ) encourage le dialogue pacifique comme le moyen le plus digne de résoudre la violence à la terre de Papouasie.

Selon KAJ, l’Indonésie a déjà acquis de l’expérience dans la promotion de la paix à Aceh. Il est donc possible de mener à bien le même processus dans la terre de Papouasie.

Le secrétaire général du KAJ, Romo Adi Prasojo, dans sa déclaration officielle de samedi (23/3/2024), a déclaré que l’encouragement à un règlement par le dialogue était une réponse à la vidéo largement diffusée de la torture de civils papous par des membres présumés des TNI.

Il a également condamné fermement les actes de torture présentés dans la vidéo. La torture est loin des valeurs morales et des enseignements d’amour des différentes religions, elle viole les principes d’une humanité juste et civilisée et porte atteinte à la dignité des êtres humains indonésiens protégés par la constitution.

Avec cet incident, il a estimé que la paix et la sécurité dans certaines parties de la Papouasie sont de plus en plus loin des attentes. Le développement et le bien-être de chaque citoyen, qui constituent l’objectif de l’indépendance de la République d’Indonésie, seront également entravés si la paix ne s’est pas encore matérialisée.

Par conséquent, Adi espère qu’une enquête approfondie sera menée afin de rendre justice aux victimes et à leurs familles, et qu’une procédure judiciaire équitable et transparente sera engagée à l’encontre des auteurs présumés.

« On demande à tout le monde d’attendre le processus d’enquête en cours », a-t-il demandé, selon Antara.

Dans un communiqué de presse publié vendredi (22/3/2024), Rumadi Ahmad, vice-président par intérim du Bureau exécutif du Président de la République d’Indonésie (Kantor Staf Presiden/KSP), a demandé qu’une enquête soit menée sur les allégations de torture de civils en Papouasie par des membres des TNI dans la vidéo virale.

« Je demande que les faits relatifs à la vidéo virale soient immédiatement retracés. Bien sûr, on espère que les soldats des TNI ne sont pas impliqués dans ces actes barbares. Mais si c’est le cas, on doit agir avec fermeté, conformément aux règles et règlements en vigueur », a-t-il dit.

Rumadi a déclaré que le gouvernement s’était engagé de manière extraordinaire à accélérer le développement de la Papouasie, tant au niveau des réglementations que des budgets. Les TNI enquête également sur la vidéo virale. (*)

Writer: News DeskEditor: News Desk

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