Les propriétaires de terres coutumières à Kaliki, Merauke, rejettent diverses entreprises pour protéger la forêt

Kaliki
Le chef du village de Kaliki, Timotius Balagaize (portant un t-shirt noir et marron) - JUBI/Emanuel Riberu

Merauke, Jubi – Les habitants et les propriétaires de terres coutumières du village de Kaliki, district de Kurik, régence de Merauke, Papouasie du Sud, rejettent tout investissement dans le village, notamment de la part de sociétés d’exploitation du bois et de plantations.

La raison de ce rejet n’est autre que le fait que la communauté craint que les activités de l’entreprise n’endommagent la forêt et l’environnement.

Le chef du village de Kaliki, Timothy Balagaize, a dit à Jubi lundi (8/5/2023) que la raison pour laquelle les résidents et les propriétaires de terres coutumières rejettent la présence de diverses entreprises est de maintenir la durabilité de leurs forêts.

La nature et l’écosystème sont à la base de la vie de la communauté, c’est pourquoi tous les habitants de Kaliki sont d’accord pour ne pas accepter les activités des entreprises dans le village.

Balagaize a révélé qu’en 2006-2007, plusieurs entreprises du groupe Medco ont tenté de pénétrer dans le village de Kaliki.

Les anciens du village, qui ne connaissaient pas à l’époque les intentions de l’entreprise, ont accepté de l’argent. La société a également promis de développer le village si elle y menait des activités.

« Quelques entreprises sont venues et ont communiqué avec nos aînés en 2006-2007. C’était le premier contact. Ce qui manquait à nos aînés, c’est qu’ils ne connaissaient pas les objectifs de l’entreprise. Les entreprises n’ont pas non plus communiqué leurs objectifs. À l’époque, nos aînés n’ont reçu que de l’argent, mais il n’y avait pas d’accord écrit. Les résidents n’ont jamais vu d’accord écrit », a-t-il expliqué.

Balagaize a ajouté qu’en 2010-2011, le gouvernement a révoqué la licence d’exploitation de l’entreprise au village de Kaliki parce que l’entreprise n’y a pas exercé d’activité après l’octroi de la concession par le gouvernement.

Les habitants de Kaliki ont accueilli favorablement la décision du gouvernement, mais ils ont tenu à s’assurer que le gouvernement avait effectivement retiré la licence de l’entreprise.

« Les habitants ne sont pas satisfaits de la révocation de la licence de l’entreprise. Ils veulent voir la révocation par écrit pour être absolument sûrs qu’il n’y a plus de relation entre l’entreprise et les habitants de Kaliki. Après avoir appris que le gouvernement avait révoqué la licence de l’entreprise, les habitants se sont mis d’accord pour rejeter la présence de plusieurs entreprises », a-t-il fait savoir.

« Sans activité de l’entreprise à Kaliki, notre forêt est toujours intacte. Mais on a besoin d’une information claire du gouvernement que la concession a été révoquée. On ne veut pas que l’entreprise prétende plus tard qu’elle a reçu l’autorisation du gouvernement », a poursuivi Balagaize.

L’un des habitants de Kaliki, Otniel, a souligné que le rejet des propriétaires de terres coutumières à Kaliki avait pour seul but de protéger leur forêt.

La forêt y fait vivre les populations locales qui vivent encore de la cueillette des produits forestiers et de la chasse aux animaux. En outre, les forêts coutumières et sacrées sont étroitement liées à la vie sociale et culturelle des Malind. Certains arbres sont considérés comme associés à des symboles totémiques ou à des clans.

« On protège la forêt parce qu’elle n’est pas seulement liée à nos coutumes et à notre culture, mais qu’elle est aussi le fondement de notre vie. De génération en génération, on profite des produits naturels de la forêt, comme les animaux, le sagou et d’autres produits naturels, pour survivre. C’est pourquoi on espère que le gouvernement a vraiment révoqué les licences de l’entreprise à Kaliki », a expliqué Otniel.

Tourbière à Kaliki

Le chef du village de Kaliki, Timotius Balagaize, a fait observer que la quasi-totalité des terres du village est constituée d’un écosystème tourbeux largement intact. Pour la communauté locale, la tourbière est comme un petit paradis qui leur permet de vivre.

« Les tourbières sont très utiles car elles protègent tout le potentiel naturel, comme des sources d’eau, des poissons et des animaux qui sont les moyens de subsistance des habitants de Kaliki. On est très reconnaissants d’avoir des tourbières et on va donc les protéger », a-t-il confié.

En plus d’être un lieu de vie pour divers animaux, les habitants de Kaliki utilisent les tourbières pour cultiver des produits alimentaires locaux tels que le sagou, le riz, les mangues, les bananes, les pommier-cajou, les ananas et d’autres types de fruits.

La culture contribue au développement économique de la communauté locale, parce que les aliments ne sont pas seulement destinés à l’autoconsommation, mais peuvent également être vendus sur le marché.

« On protège cette tourbière pour les générations à venir. D’un point de vue culturel, beaucoup d’arbres de la tourbière ont une signification culturelle et traditionnelle. Beaucoup d’herbes et d’arbres des marais sont liés à des symboles totémiques ou claniques, c’est pourquoi on les protège. Donc on ne veut pas que des gens de l’extérieur, comme des entreprises, les endommagent », a continué Balagaize.

Il a aussi ajouté que la tourbière avait brûlé à petite échelle il y a quelques années, mais que cela n’avait rien à voir avec les activités de l’entreprise. C’était lié à la tradition de chasse de la communauté à la fin de la saison sèche.

« Les incendies de 2015 n’étaient pas très graves. Et c’était lié à notre tradition, la tribu Malind, qui a l’habitude de chasser les animaux à la fin de la saison sèche. La forêt est brûlée et de nouvelles pousses apparaissent. Ensuite, les animaux viennent chercher de la nourriture et c’est à ce moment-là que l’on chasse », a-t-il raconté.

Le village de Kaliki compte 127 familles pour une population de 531 personnes. Il y a six clans : Gede, Kaize, Balagaize, Mahuze et Ndiken.

À titre d’information complémentaire, la superficie de la concession accordée par le gouvernement à PT Selaras Inti Semesta (qui fait partie du groupe Medco) est d’environ 164 400 hectares. La zone d’exploitation de l’entreprise, qui s’occupe de plantations forestières industrielles, couvre la majeure partie des districts de Kaptel et d’Anim Ha, y compris les villages de Zenegi, Domande et Buepe. La zone est également directement adjacente à plusieurs villages, dont Kaliki dans le district de Kurik. (*)

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