Le sort du pilote Philip Mehrtens n’est pas clair après trois semaines de détention en otage

Philip Mehrtens
Philip Mehrtens, un pilote néo-zélandais de Susi Air, est retenu en otage par l'Armée de libération nationale de la Papouasie occidentale (TPNPB). - Jubi/IST

Jayapura, Jubi – Plus de vingt jours se sont écoulés depuis que Philip Mehrtens, un pilote néo-zélandais de Susi Air, a été pris en otage par l’Armée de libération nationale de la Papouasie occidentale (Tentara Pembebasan Nasional Papua Barat/TPNPB). La TPNPB a publié des vidéos et des photos montrant que le pilote de Susi Air est avec eux. Les efforts pour libérer Philip se poursuivent par le biais d’appels, de négociations et de plans d’opérations militaires.

La semaine dernière, le ministre coordinateur des affaires politiques, juridiques et de sécurité, Mahfud M.D., a dit que la police et les Forces armées indonésiennes (Tentara Nasional Indonesia/TNI) étaient prêtes à mener une opération pour libérer Mehrtens. Cependant, la Nouvelle-Zélande a demandé que l’opération soit annulée, la priorité étant la sécurité de Mehrtens. Cette opération de libération serait dirigée par le commandant de la région militaire (Komando Resor Militer/Korem) 172/PWY, le général de brigade J.O. Sembiring. Mahfud a ajouté que le lieu exact de la prise d’otages de Mehrtens est connu et que l’opération de libération qui sera menée par le Groupe de travail sur la paix de Cartenz est prête à être mise en œuvre.

« L’existence de l’État indonésien est fondée sur la constitution, le droit international et la réalité factuelle et la Papouasie est une partie légitime de l’Indonésie. Donc, il n’y a pas de négociation à ce sujet et on va défendre et éliminé tous ceux qui veulent prendre n’importe quelle partie de l’Indonésie », a dit Mahfud à l’époque.

Le TPNPB a affirmé avoir entendu parler du plan d’opération de libération de Philip et être prêt à y faire face.

« Les troupes de la TPNPB sont prêtes. Les troupes de Yambi, Puncak Jaya, Sinak, Gwijawage, Ilaga et Lani Jaya sont à Paro depuis trois semaines. Ils ont dit qu’ils étaient prêts à combattre », a indiqué Sebby Sambom, porte-parole de la TPNPB.

Selon Sambom, la TPNPB a l’avantage de bien connaître le terrain de Nduga.

« Les armes ne sont pas un problème car c’est l’esprit de combat qui va déterminer. De plus, on demande aux TNI / Polri (Police nationale) de ne pas cibler les civils pour obtenir des informations sur l’existence de la TPNPB », a ajouté Sambom

La TPNPB, poursuit Sambom, a exigé l’indépendance de la Papouasie comme condition à la libération de Mehrtens. Ils ont également demandé à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande de cesser d’exporter des équipements militaires vers l’Indonésie.

Ne seront pas libérés

John Martinkus, un journaliste indépendant australien qui comprend le conflit en Papouasie et a été confronté à des prises d’otages, a estimé qu’il était peu probable que la demande d’argent des preneurs d’otages soit honorée.

Martinkus, qui a déjà été pris en otage à Bagdad, a fait savoir que personne ne paierait de rançon aux preneurs d’otages, ni le gouvernement du pays d’origine des otages, ni l’entreprise pour laquelle ils travaillent.

En regardant les images et les photos en circulation, Martinkus pense que Philip, qui parle couramment l’indonésien, a identifié la motivation de ses ravisseurs. Martinkus pense que Philip a montré une sorte de connexion ou d’empathie qui rend Mehrtens moins susceptible d’être maltraité. Il était également important d’augmenter la probabilité qu’il soit libéré en toute sécurité.

Martinkus, qui a été journaliste au Timor oriental, a assuré qu’il connaît très bien le mode de fonctionnement des forces de sécurité indonésiennes : elles ont tendance à recourir à la violence plutôt qu’à la négociation.

« S’ils attaquaient un village, ils le rasaient, brûlaient les maisons et violaient les femmes. Je crains que, parce que la génération actuelle d’officiers a fait ce genre de choses dans le passé, elle ne recommence », dit Martinkus, en se rappelant ce dont il a été témoin au Timor oriental.

Ce que Martinkus a dit a été confirmé par Sambom. Selon Sambom, ce que Martinkus craint a déjà commencé à se produire. Les allégations des forces de sécurité indonésiennes selon lesquelles la TPNPB a demandé une rançon et des armes pour la libération de Philip étaient une tentative de légitimer l’action militaire de l’Indonésie dans le but de libérer Philip.

« Ils ont dit qu’on avait demandé de l’argent et des armes pour justifier leur attaque. Les forces de sécurité indonésiennes fabriquent des opinions pour justifier leurs actions, qui, bien sûr, ne sont pas très différentes de ce qu’elles ont fait au Timor oriental et à Mapenduma », a fait savoir Sambom.

Sambom a également souligné que la TPNPB n’a jamais demandé de l’argent et des armes pour la libération du pilote Philip.

« Les forces de sécurité indonésiennes mentent. On n’a jamais demandé de l’argent ou des armes pour la libération de Philip », a souligné Sambom.

Le Conseil des églises de Papouasie demande la libération de Philip Mehrtens

Le Conseil des églises de Papouasie a demandé à la TPNPB de libérer immédiatement le pilote de Susi Air, Philip Mehrtens, qui est toujours retenu en otage par la TPNPB.

La prise d’otages, a dit le révérend Benny Giay, était psychologiquement perturbante pour la famille du pilote de Susi Air. D’un point de vue humanitaire, le pilote de Susi Air doit être libéré. Si la libération a lieu, la TPNPB recevra également la sympathie de la communauté mondiale, en particulier du peuple indonésien.

« On espère que les forces de sécurité fourniront un médiateur neutre qui a la confiance de la TPNPB, de la société civile et de l’État pour pouvoir se rencontrer et discuter de la libération de l’otage », a expliqué le révérend Giay, qui est le modérateur du Conseil des églises de Papouasie.

Selon le Conseil des églises de Papouasie, le besoin d’un médiateur est très urgent. Si cela ne se produit pas, il y aura de nombreuses victimes et ce n’est pas ce que tout le monde souhaite.

Le révérend Giay a confié qu’il avait fait partie de l’équipe de négociation chargée de résoudre le même problème à Ilaga en 2010. Le processus de négociation s’est déroulé facilement et sans heurts grâce à la garantie de sécurité donnée directement par le chef de la police provinciale de Papouasie de l’époque, I Made Pastika. (*)

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