Jayapura, Jubi – Yustina Ogoney, une protectrice de la forêt de la tribu Moskona – la plus grande tribu de la régence de Teluk Bintuni, dans la province de Papouasie occidentale – a dit que la formation de nouvelles régions autonomes n’était pas la meilleure solution puisqu’elle ne profiterait qu’à l’élite de la région.
Bien qu’elle soit fonctionnaire d’État et qu’elle occupe le poste de chef de district, cela n’éloigne pas la femme Moskona des peuples autochtones. Au contraire, elle favorise les peuples autochtones et se bat pour leurs droits en protégeant les forêts indigènes.
« Je ne suis pas d’accord avec la formation de nouvelles régions autonomes, car cela ne profitera qu’à l’élite, et non aux peuples autochtones », a-t-elle indiqué en tant que conférencière invitée au symposium du 6ème Congrès des peuples autochtones de Nusantara (Kongres Masyarakat Adat Nusantara/KMAN), dans le village d’Ayapo, dans la régence de Jayapura, mardi (25/10/2022).
Elle a également rappelé que le mécanisme concernant l’utilisation des droits de gestion forestière coutumière n’a pas été réglementé.
« Même si nous savons tous que la Papouasie possède une très grande zone forestière et que la plupart des villages se trouvent dans la forêt », a précisé Mme Ogoney.
La formation de nouvelles régions autonomes en Papouasie, a déclaré Mme Ogoney, ne réduira pas les conflits et ne garantit pas l’absence de racisme à l’encontre des Papous indigènes.
« Les nouvelles régions autonomes ne prévoient pas non plus le bien-être des Papous. Elles ne sont que des moyens politiques pour les élites, et elles leur donnent des munitions supplémentaires pour utiliser la question papoue pour leurs propres intérêts », a-t-elle ajouté.
Selon elle, la mise en œuvre d’une autonomie spéciale en Papouasie a en fait créé un fossé entre l’élite et les populations autochtones.
« Cette politique augmentera la possibilité pour les élites de donner la priorité à leurs intérêts personnels », a-t-elle poursuivi, en précisant que, récemment, des maisons traditionnelles d’autres personnes ont également été construites sur des terres coutumières appartenant aux Papous.
« Alors que nous n’avons que la loi d’autonomie spéciale. Est-ce qu’il y a une maison traditionnelle construite pour les Papous indigènes ? » a demandé la femme de Moskona, qui est également chef de district.
Parallèlement, un membre de la Chambre des représentants de Papouasie, John Gobay, qui était également un conférencier lors du symposium organisé dans le village d’Ayapo, a souligné que seules les personnes qui ne connaissent pas les règles coutumières parviennent toujours à s’imposer et à prendre les terres coutumières.
Par conséquent, poursuit John Gobay, les conflits continueront à se produire et ne seront jamais complètement résolus.
« En fait, la formation de nouvelles régions autonomes va poursuivre les conflits pour les terres et les ressources naturelles qui ne cessent jamais », a-t-il déclaré.
Pour lui, la formation de nouvelles régions autonomes n’est pas la meilleure solution pour résoudre les conflits en Papouasie. Il est également très surpris que la Chambre des représentants d’Indonésie soit plus rapide à promulguer et à adopter la Loi sur la formation de nouvelles régions autonomes que le projet de loi sur les peuples autochtones, qui n’a pas été adopté depuis plus de 10 ans.
« Il est bizarre que le projet de loi sur les peuples autochtones n’ait pas été adopté depuis 10 ans, alors que la loi sur la formation de nouvelles régions autonomes a été adoptée immédiatement », a-t-il constaté. (*)
