Le secrétaire général de l’AMAN appelle les peuples autochtones à se lever et à s’unir

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Secrétaire général de l'Alliance des peuples autochtones de l'archipel (Aliansi Masyarakat Adat Nusantara/AMAN), Rukka Sombolinggi. - Documentation de l'AMAN

Sentani, Jubi  – Le secrétaire général de l’Alliance des peuples autochtones de l’archipel (Aliansi Masyarakat Adat Nusantara/AMAN), Rukka Sombolinggi, a appelé tous les peuples autochtones de l’archipel à se lever et à s’unir contre toutes les formes de violence et d’injustice dans ce pays. Mme Sombolinggi a fait cet appel dans son discours d’ouverture du 6ème Congrès des peuples autochtones de l’archipel (Kongres Masyarakat Adat Nusantara/KMAN) à Sentani, la capitale de la régence de Jayapura, lundi (24/10/2022).

L’ouverture, auquel ont participé des milliers d’autochtones de diverses régions d’Indonésie, s’est déroulée au stade Barnabas Youwe, à Sentani. « Les peuples autochtones se lèvent et s’unissent », a lancé Mme Sombolinggi dans son discours.

Sombolinggi a dit que les peuples autochtones de l’archipel doivent continuer à renforcer leur solidarité. Selon lui, les peuples autochtones ont prouvé leur contribution à l’Indonésie.

Elle a précisé que 80 % de la biodiversité mondiale est actuellement protégée par les populations autochtones. Aujourd’hui, alors que le monde connaît une crise du changement climatique, la réponse se trouve dans les territoires autochtones.

« Le meilleur investissement en ce moment si le monde veut sortir de la catastrophe climatique est l’investissement dans la protection des droits des peuples autochtones. Pas d’investissement dans l’exploitation minière, l’huile de palme, sans parler de la construction de la capitale nationale », a-t-elle fait remarquer.

Sombolinggi a expliqué que le 6ème KMAN, qui s’est tenu dans le territoire coutumier de Tabi, en Papouasie, parle actuellement de la lutte des peuples autochtones. Selon elle, les peuples autochtones ne doivent pas se satisfaire de ce qui a été réalisé, car la lutte est encore longue. « Notre combat est encore long, et tout dépend de nous », a-t-elle déclaré.

Elle a également indiqué que l’Indonésie se portera bien lorsque l’État s’occupera sérieusement des peuples autochtones, notamment en reconnaissant et en protégeant ces derniers par le biais de la loi sur les peuples autochtones. Le gouvernement devrait faire preuve d’un tel sérieux pour assurer un meilleur avenir à l’Indonésie.

Dans son discours, Sombolinggi a critiqué l’État qui continue à dire que les peuples autochtones sont « reconnus tant qu’ils existent et en fonction de l’évolution des temps ». Elle a invité les participants de 6ème KMAN à examiner cette clause.

Aux milliers de peuples autochtones présents au 6ème KMAN, Sombolinggi a renvoyé la question à la réflexion. « Est-ce qu’on existe encore ? »

La question a reçu une réponse spontanée de la part de la population autochtone réunie dans le stade Barnabas Youwe. « On existe ! »

Sombolinggi est d’accord avec la réponse spontanée de la population autochtone selon laquelle les peuples autochtones d’Indonésie existent toujours.  Elle a affirmé que les peuples autochtones de diverses parties de l’archipel ont vécu en accord avec leur temps.

« Maintenant, il est temps pour le gouvernement d’adopter le projet de loi sur les peuples indigènes. Car, si le projet de loi n’est pas ratifié immédiatement, il va rouiller. S’il est rouillé, les vis se détachent », a-t-elle commenté.

Sombolinggi a rappelé que l’Indonésie a encore de nombreux problèmes politiques qui doivent être abordés par les participants du 6ème KMAN. Par conséquent, le 6ème KMAN doit être utilisé par tous les représentants des peuples autochtones de toute l’Indonésie pour lutter conjointement pour les droits des peuples autochtones.

« Nous devons faire en sorte que la violence contre les peuples indigènes cesse immédiatement et ne se reproduise plus », a souligné Sombolinggi, en plaisantant sur le fait que s’il n’y avait pas de violence, l’Association de défense des peuples autochtones de l’archipel (Perhimpunan Pembela Masyarkat Adat Nusantara/PPMAN) pourrait être dissoute car il n’y aurait plus de saisies de territoires coutumiers.

Sombolinggi a expliqué qu’à ce jour, l’AMAN dispose de cartes des territoires indigènes couvrant 20 millions d’hectares. Presque toutes ces cartes ont été soumises au gouvernement, mais celui-ci n’a pas encore accordé de reconnaissance légale.

En fait, a relevé Mme Sombolinggi, pendant la pandémie de COVID-19, les territoires indigènes étaient les zones les plus sûres et les plus confortables. « Les territoires indigènes sont en fait les endroits les plus sûrs et les plus confortables. Nous sommes témoins de peuples autochtones qui mènent une quarantaine ordonnée. Nous plantons, récoltons et produisons des médicaments », a-t-elle poursuivi, tout en admettant que certains autochtones n’ont pas eu de chance pendant la pandémie parce que leurs territoires coutumiers ont été anéantis par les sociétés d’exploitation minière et de palmiers à huile.

Sombolinggi a également rejeté l’idée que les populations autochtones sont incompétentes en matière de technologie. Selon elle, cette hypothèse n’est pas vraie. « Pendant le confinement, nous pouvons utiliser la technologie autant que possible », a-t-elle assuré, en lançant : « Nous pouvons, nous existons ». (*)

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