Jayapura, Jubi – Viktor Yeimo, porte-parole international du Comité national de Nouvelle-Guinée occidentale (KNPB), a appelé le peuple papou à continuer à lutter contre la discrimination raciale, parce que le racisme est un crime contre l’humanité et l’ennemi commun de tous les peuples du monde, en particulier du peuple papou.
C’est ce qu’a dit Yeimo lors de la célébration de sa libération du Centre correctionnelle d’Abepura, samedi (23/9/2023). Il a appelé tous les Papous à lutter pour libérer les personnes encore enfermées dans le paradigme du racisme.
Yeimo a invité le peuple papou à lutter pour son indépendance dans la dignité. « On ne combat pas le racisme par le racisme. Qu’ils commettent des actes de racisme contre nous, mais la nation papoue est une nation d’honneur et de dignité. On ne combat pas les autres nations par le racisme », a indiqué Yeimo.
Viktor Yeimo a expliqué que le racisme est une maladie utilisée par les nations qui se sentent supérieures pour opprimer les autres nations en considérant les autres races comme arriérées afin de pouvoir les coloniser.
« Cette perspective considère que les autres nations et races sont primitives et qu’elles peuvent être colonisées, exploitées et devenues des esclaves. La maladie du racisme a causé Soekarno à déclarer que le peuple papou n’avait pas droit à la liberté, et qu’il devait donc être colonisé et contrôlé », a continué Yeimo dans son discours devant la foule.
Yeimo a exprimé sa gratitude à la Coalition pour l’application de la loi et les droits de l’homme en Papouasie, au Conseil des églises de Papouasie, à l’équipe médicale, aux Papous et à leurs familles qui ont toujours été solidaires dans la lutte contre le racisme. Yeimo est convaincu que la nation papoue sera capable de se tenir debout sur sa propre terre. « Vous êtes mes compagnons d’armes. Nous sommes capables de nous tenir sur notre terre », a-t-il déclaré.
Lutte contre le racisme = trahison ?
Viktor Yeimo est un activiste du KNPB qui a été condamné pour trahison parce qu’il est considéré avoir mené une manifestation protestant contre un incident raciste survenu au dortoir des étudiants papous Kamasan III à Surabaya, le 16 août 2019. L’incident raciste, qui comprenait des remarques racistes et la prise d’assaut du dortoir, a déclenché de grandes manifestations à Jayapura les 19 et 29 août 2019.
Yeimo a été blâmé pour les manifestations des 19 et 29 août 2019. Le 21 février 2022, il a été accusé de trahison pour avoir prétendument dirigé une manifestation de protestation contre un incident raciste à Surabaya. Le 5 mai 2023, les juges du tribunal de Jayapura ont déclaré Viktor Yeimo non coupable de trahison. Cependant, le panel de juges a considéré Viktor Yeimo coupable d’avoir violé l’article 155 paragraphe (1) du Code pénal.
L’article concerne le fait de diffuser, de montrer ou de coller en public des écrits ou des peintures contenant des déclarations de sentiments d’hostilité, de haine ou de mépris à l’égard du gouvernement indonésien. Yeimo a ensuite été condamné à 8 mois d’emprisonnement.
Le verdict a été controversé, parce que l’article 155, paragraphe 1, du Code pénal n’a jamais été inculpé à Viktor Yeimo, et que l’article a été révoqué par la Cour constitutionnelle.
Le 12 mai 2023, les procureurs et la Coalition pour l’application de la loi et les droits de l’homme en Papouasie, en tant qu’avocat de Yeimo, ont tous deux fait appel du verdict. Le 5 juillet 2023, les juges du tribunal provincial de Jayapura, dirigé par Paluko Hutagalung et composé d’Adrianus Agung Putrantono et Sigit Pangudianto, ont annulé la décision du tribunal de Jayapura, ont déclaré Yeimo coupable de trahison et l’ont condamné à 1 an d’emprisonnement. Samedi (23/9/2023), la peine de Yeimo a pris fin et il a été libéré à 11 h 17.
Service d’action de grâce pour la libération de Viktor Yeimo
La libération de Viktor Yeimo a été suivie d’un service d’action de grâce auquel ont participé le modérateur du Conseil des églises de Papouasie le révérend Beny Giay, le secrétaire du Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale (ULMWP) Markus Haluk, ainsi que des avocats membres de la Coalition pour l’application de la loi et les droits de l’homme en Papouasie, dont Emanuel Gobay, Gustaf Kawer et d’autres membres de la Coalition.
Yeimo a été accueilli par la foule avec des danses traditionnelles et des cris de « Papua Merdeka » (Papouasie libre) à l’Expo Waena, Jayapura. Certains d’entre eux portaient des symboles de l’Étoile du Matin sur leur corps et leur nokens.
Le modérateur du Conseil des églises de Papouasie, le révérend Benny Giay, a invité la jeune génération papoue à se tourner vers l’avenir et à lutter pour l’indépendance de la Papouasie par l’écriture et les études académiques.
« La jeune génération ne peut pas seulement lutter au niveau politique, mais aussi à travers l’écriture et les études académiques. La nation indonésienne continue de nous opprimer, c’est pourquoi on doit avoir une esprit critique et ne pas seulement se battre avec des armes », a poursuivi Giay.
Laurenzus Kadepa, membre du Conseil représentatif du peuple de Papouasie, a demandé à l’État de mettre fin au racisme à l’encontre du peuple papou. Kadepa espère que Viktor Yeimo soit la dernière victime du racisme. « Le racisme est un ennemi commun. L’État indonésien doit mettre fin au racisme à l’encontre du peuple papou », a-t-il déclaré. (*)
