Un témoin affirme que l’émeute au discours public à l’USTJ a été déclenchée par des tirs de gaz lacrymogène de la police

USTJ
Les procureurs montrent le drapeau de l'Étoile du matin à un témoin lors de la poursuite du procès pour trahison au tribunal de Jayapura, mardi (23/5/2023). - Jubi/Theo Kelen

Jayapura, Jubi – Les juges du tribunal de Jayapura ont poursuivi mardi (23/5/2023) le procès pour trahison de trois étudiants qui ont participé à un discours libre à l’Université des sciences et de la technologie de Jayapura (USTJ). Lors du procès, les défendeurs Yoseph Ernesto Matuan, Devio Tekege, et Amborsius Fransiskus Elopere, qui ont été interrogés en tant que témoins, ont dit que le discours libre à l’USTJ a devenu chaotique après que la police a tiré des gaz lacrymogènes.

Yoseph Ernesto Matuan, Devio Tekege et Amborsius Fransiskus Elopere sont trois étudiants inculpés de trahison pour avoir tenu et participé à un discours libre sur le campus de l’USTJ le 10 novembre 2022. Le discours libre avec le drapeau de l’Étoile du matin a été tenu pour rejeter le plan de dialogue pacifique sur la Papouasie initié par la Commission nationale des droits de l’homme.

Les affaires de trahison contre les trois défendeurs ont été soumises au tribunal de Jayapura dans trois dossiers distincts. Le cas de Matuan a été enregistré sous le numéro 92/Pid.B/2023/PN Jap.

Le dossier de Devio Tekege a été enregistré sous le numéro 93/Pid.B/2023/PN Jap, tandis que celui d’Amborsius Fransiskus Elopere a été enregistré sous le numéro 96/Pid.B/2023/PN Jap. Le procès des trois affaires a été mené par un panel de juges présidé par Zaka Talpatty avec les membres Donald Everly Malubaya et Gracely Novendra Manuhutu.

Mardi, les trois défendeurs ont été interrogés conjointement en tant que témoins dans l’affaire d’un autre défendeur. Dans leur témoignage, ils ont indiqué que le discours libre sur le campus de l’USTJ le 10 novembre 2022 s’est déroulé pacifiquement pour protester contre le dialogue prévu à l’initiative de la Commission nationale des droits de l’homme. Le discours libre est devenu chaotique après que la police a tiré des gaz lacrymogènes dans le campus.

Elopere a dit que le discours libre, qui s’est déroulé sans planification, a commencé à 11 h et s’est terminé à 11 h 30 avec huit étudiants tenant des pamphlets et deux drapeaux de l’Étoile du matin. « Le discours libre a eu lieu parce qu’on s’est rencontré au campus », a-t-il dit.

Elopere a raconté qu’au moment où les orateurs prononçaient leurs discours, un groupe de policiers a soudainement pénétré dans le campus de l’USTJ avec deux voitures de patrouille en tirant des coups de semonce et a immédiatement saisi les brochures et les drapeaux de l’Étoile du matin.

« Quand on prononçait nos discours, les policiers sont arrivés et ont tiré des coups de semonce en descendant de leur voiture de patrouille. Le discours libre a alors été dispersée par la police. Ils ont pris nos tracts et le drapeau de l’Étoile du matin et nous ont fait entrer dans la voiture de patrouille. D’autres étudiants qui nous ont vus être rassemblés dans la voiture de patrouille ont appelé à résoudre le problème sur le campus de l’USTJ. D’autres étudiants ont fermé la clôture du campus », a-t-il précisé.

Elopere a ajouté qu’à l’époque, des négociations avaient eu lieu avec le chef de la police de la station de Heram. Au cours des négociations, les étudiants ont demandé que l’affaire soit résolue sur le campus et non au commissariat de police.

Elopere a continué que le chef de la police de la station de Heram avait donné aux étudiants la possibilité de lire une déclaration. « On a négocié et la police nous a donné l’occasion de lire une déclaration », a-t-il continué.

Cependant, la déclaration n’a finalement pas été lue, parce qu’il y a eu des jets de pierre et des tirs de gaz lacrymogène depuis l’entrée du campus, ce qui a poussé les étudiants à courir pour se mettre à l’abri, a expliqué Elopere.

« Tout de suite, la situation est devenue chaotique et on s’est dispersé immédiatement.  Six personnes ont été blessées par les coups. J’ai été touché par des gaz lacrymogènes », a-t-il confié.

Elopere et quatorze autres étudiants ont été arrêtés et emmenés au poste de police municipale de Jayapura.

Yoseph Ernesto Matuan a également dit que l’émeute s’est produite parce que la police a fait irruption sur le campus de l’USTJ et a tiré des gaz lacrymogènes lorsque les participants du discours libre étaient sur le point de lire une déclaration devant le chef de la police de la station de Heram. Matuan a ajouté que les policiers ont également battu plusieurs étudiants qui filmaient l’incident.

Il a dit ignorer pourquoi la police avait tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les participants au discours libre, alors que ceux-ci étaient en train de dialoguer avec le chef de la police de la station de Heram et le vice-recteur III de l’USTJ.

« L’émeute a eu lieu lorsque la police a jeté des pierres. À ce moment-là, on était sur le terrain de basket avec le chef de la police de la station de Heram et d’autres étudiants. La police a tiré des gaz lacrymogènes et a forcé le portail, et ceux qui étaient sur le terrain se sont immédiatement dispersés. Je suis juste touché par les gaz lacrymogènes », a-t-il expliqué.

Matuan a assuré qu’il s’agissait seulement d’un discours libre pour rejeter le dialogue Jakarta-Papouasie facilité par la Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie. Le discours libre a également commémoré la mort de l’ancien président du Présidium du conseil de Papouasie, Theys Hiyo Eluay, et a exhorté le Conseil de sécurité des Nations unies à se rendre en Papouasie.

Matuan a fait valoir qu’il avait rejeté l’idée d’un dialogue parce que la Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie n’impliquait pas les parties impliquées dans le conflit armé en Papouasie. Matuan a également affirmé qu’à l’époque, il n’y avait aucune intention de séparer la Papouasie de l’Indonésie.

Matuan a fait savoir qu’il avait informé le Conseil exécutif des étudiants de l’USTJ à propos de ce discours libre. Il a admis avoir préparé des brochures et fabriqué un drapeau de l’Étoile du matin. Selon Matuan, le drapeau est un symbole de la culture papoue qui est protégé et garanti par la Loi n° 21 de 2001 concernant l’autonomie spéciale de la province de Papouasie.

Devio Tekege a également déclaré que le discours libre sur le campus de l’USTJ le 10 novembre 2022 est devenu chaotique parce que la police a tiré des gaz lacrymogènes dans la zone du campus. Ces tirs l’ont poussé, lui et ses amis, à se mettre à l’abri.

Tekege a avoué qu’il s’était joint à la manifestation de son plein gré. Selon lui, les étudiants se sont relayés pour tenir des tracts et des drapeaux de l’Étoile du matin.

En plus de rejeter le dialogue initié par la Commission nationale des droits de l’homme, Tekege a précisé que dans le discours, les étudiants ont proposé une solution par référendum parce qu’il y avait de nombreux cas de violations des droits de l’homme en Papouasie qui n’avaient jamais été résolus en Papouasie. (*)

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