Le programme de food estate détruit la vie des peuples autochtones de Marind

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Zone forestière défrichée pour le programme de food estate dans le village de Senegi, régence de Merauke, province de Papouasie du Sud. - Documentation par le LBH Pos Merauke

Jayapura, Jubi – Harry Woersok, du centre d’études Vertenten MSC de Papouasie, a dit que le programme food estate géré par le gouvernement central dans la régence de Merauke, dans la province de Papouasie du Sud, détruit la vie des autochtones Marind. C’est ce qu’a fait savoir Harry en tant que speaker dans la discussion « Kebijakan Food Estate: Limbung Pangan dan Gastrokolonialisme » (Politique de food estate : L’aliment branlant et le gastro colonialisme) organisé en ligne par Yayasan Pusaka Bentala Rakyat, mercredi (21/12/2022).

Harry a indiqué que les investissements à grande échelle qui ont accompagné le programme food estate ont conduit à l’annexion de milliers d’hectares de terres coutumières du peuple autochtone Marind par des entreprises. Pour le peuple autochtone Marind, les terres coutumières sont une source économique fondamentale.

« L’annexion des terres signifie la suppression de la souveraineté du peuple Marind sur ses ressources économiques. Ça s’est déjà fait, et on les voit tomber dans la pauvreté », a-t-il ajouté.

Harry a estimé que l’investissement effréné a fait que les Papous, en particulier le peuple Marind, perdent de plus en plus leurs relations avec leurs terres coutumières. Leurs terres ont été reprises par des entreprises, ce qui a fait perdre aux Marind leur source de subsistance.

« C’est un crime d’entreprise. L’entreprise a complètement détruit la vie des Marind du village. Pendant des générations, le peuple Marind a essayé de vivre avec la terre, les forêts, les animaux et les rivières – qui ont aujourd’hui disparu. Pour le peuple Marind, la terre a été transmise de génération en génération. Transmettre la terre, c’est comme transmettre la vie », a-t-il déclaré.

Harry a expliqué que la perte de terres et de forêts a rendu la population de Marind dépendante du riz pour satisfaire ses besoins alimentaires. En effet, auparavant, les autochtones Marind satisfaisaient leurs besoins alimentaires en consommant du sagou et des tubercules. « C’est le fait qu’on s’est rencontré dans les villages, maintenant ils mangent du riz », a-t-il affirmé.

Harry reconnaît que les gouvernements de la province, de la régence et du gouvernement central ont fourni beaucoup d’aide et de formation aux populations de Marind. Cependant, ces différentes formes d’assistance et de formation n’ont pas amélioré le bien-être des populations de Marind.

Harry a critiqué les dons physiques et monétaires effectués par le biais du Fonds pour les villages (Dana Desa), qui, selon lui, font perdre aux gens l’initiative de devenir autonomes et, en fin de compte, rendent les habitants de Marind plus dépendants de ces dons.

« Beaucoup de jeunes de Senegi sont envoyés à Merauke ou à Java pour apprendre à faire des boulettes de viande, etc. Mais après leur retour au village, ils ne pouvaient rien faire dans le village et n’avaient aucune activité », a-t-il précisé.

Harry a souligné la nécessité d’impliquer de nombreuses parties pour surmonter les différents impacts du projet de food estate auxquels les habitants de Marind sont confrontés. Harry a raconté que son équipe s’est rendue dans les villages de Senayu, Senegi et Domande il y a deux semaines pour organiser une formation à l’agriculture biologique, distribuer des graines de plantes et remettre des poussins à élever.

Harry a indiqué qu’en 2023, le centre d’étude Vertenten MSC de Papouasie va travailler avec Econusa et la fondation Pusaka pour créer une école de village. L’école est une école alternative pour la communauté Marind qui vise à améliorer la capacité de la communauté à utiliser des forêts dont la gestion est durable et équitable.

« Ce qu’on peut faire, c’est mener des actions de conseil et diverses activités pour surmonter les problèmes existants. Tout commence au niveau du village. On améliore les capacités des habitants, y compris des fonctionnaires, pour les aider à gérer leurs propres moyens de subsistance pour les générations actuelles et futures », a-t-il conclu. (*)

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