La police ne travaille pas de manière optimale permettant de poursuivre l’enquête sur le meurtre de réfugiés à Yahukimo

Yahukimo
Melky Weruin, chef de l'équipe chargée de l'application et de la promotion des droits de l'homme à la Commission nationale des droits de l'homme de Papouasie, mardi (19/3/2024) dans son bureau de Jayapura, Papouasie. Jubi/CR-8

Jayapura, Jubi – La Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie a demandé à la police provinciale (Polda) de Papouasie d’encourager la police de la station (Polres) de Yahukimo à révéler les auteurs du meurtre et des violences sexuelles infligés à deux femmes réfugiées le 11 octobre 2023 à Yahukimo, dans la province de Papouasie des hautes terres. La Polda de Papouasie doit s’assurer que la loi est appliquée jusqu’au bout en maximisant tous les efforts pour que les auteurs soient tenus responsables de leurs actes.

C’est ce qu’a insisté le chef de l’équipe chargée de l’application et de la promotion des droits de l’homme de la Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie, Melky Weruin, à Jubi.id mardi (19/3/2024) à la Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie, à Jayapura, en Papouasie.

Melky Weruin a dit qu’en matière d’application de la loi, il n’y a aucune raison de ne pas révéler les affaires parce que c’est la responsabilité de l’application de la loi. Les forces de l’ordre devraient disposer de moyens et de stratégies pour résoudre les cas de meurtre et de violence sexuelle.

« On sait que la disponibilité des ressources n’est pas toujours la même que dans les grandes villes. Mais cela ne doit pas empêcher de mener une enquête approfondie et de démasquer les coupables », a ajouté Weruin.

Weruin a mentionné que des conditions formelles doivent être remplies pour poursuivre l’enquête, notamment les résultats de l’examen visant à déterminer l’arme utilisée par l’auteur pour commettre le meurtre. Cet examen vise à déterminer la nature de la blessure afin de déterminer s’il est nécessaire de procéder à une autopsie. Or, cela n’a pas été fait pour les deux victimes

« C’est l’un des obstacles qui existent, mais il ne peut servir d’excuse pour classer l’affaire. Il faut trouver d’autres moyens, autorisés par la loi, de faire toute la lumière sur l’incident. Ainsi, les personnes qu’on soupçonne d’être les auteurs peuvent être tenues pour responsables de leurs actes et les victimes ont aussi droit à la justice », a-t-il poursuivi.

Il est urgent d’appliquer la loi afin de garantir le droit à la justice pour les familles des victimes et d’avoir un effet dissuasif sur les auteurs de ces actes, a rappelé Weruin. La Commission nationale des droits de l’homme continue de faire avancer ce dossier en collaboration avec l’Institut d’aide juridique (LBH), diverses organisations non gouvernementales et les médias pour transmettre des récits constructifs afin de parvenir à un écosystème d’application de la loi qui soit juste et digne.

« C’est notre façon de soutenir les devoirs des responsables de l’application de la loi. L’application équitable de la loi fait partie de la défense des droits de l’homme. Bien que la justice soit relative, ce qui est juste pour l’auteur de l’infraction ne l’est pas nécessairement pour la victime, et vice versa », a-t-il affirmé.

Il a assuré que la Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie va bientôt demander à la Polda de Papouasie, et plus particulièrement à la Polres de Yahukimo, des informations sur les progrès accomplis dans le traitement de l’affaire.

Melky Weruin a expliqué qu’après avoir reçu une plainte le 17 octobre 2023 de LBH de Papouasie, des familles des victimes et de Solidarité contre la violence envers les femmes papoues (SAKTPP), son bureau a analysé la plainte concernant le meurtre et le viol de deux femmes papoues nommées Ima Selopele (IS) et Aminera Kabak (AK). Le 26 octobre 2023, la Commission nationale des droits de l’homme a envoyé une lettre au chef de la Polda de Papouasie concernant des actes criminels de violence sexuelle qui auraient été commis par les forces de sécurité.

« On a envoyé une lettre avec une pièce jointe de la plainte à la Polda de Papouasie pour demander des informations sur le traitement de cette affaire car elle est liée à l’application de la loi, à savoir le crime de violence sexuelle », a raconté Melky.

Le 27 novembre 2023, la Commission nationale des droits de l’homme a reçu une réponse du chef de la Polda de Papouasie indiquant que le processus d’enquête mené par le personnel de l’Unité d’enquête criminelle (Satreskrim) de la Polres de Yahukimo s’était déroulé de manière optimale. Cependant, jusqu’à présent, le Satreskrim de la Polres de Yahukimo n’a pas arrêté les auteurs parce que deux éléments de preuve valables n’ont pas été réunis.

Selon M. Weruin, la lettre expliquait que les obstacles rencontrés dans l’enquête étaient l’absence de témoins ayant connaissance des mauvais traitements infligés à IS et du meurtre d’AK.

« Le témoin Welson Payage, qui est le fils d’IS, ne connaissait pas l’auteur de l’infraction commise contre sa mère. En outre, aucune autopsie n’a été pratiquée sur les victimes à cause de l’insuffisance du matériel d’autopsie à l’hôpital. Voilà ce que la police a fait », a déclaré Weruin. (*)

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