Jayapura, Jubi – Le chef de la Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie, Frits Ramandei, a exprimé son engagement à continuer de superviser l’enquête sur le meurtre de deux femmes au foyer portant les initiales IS et AK, survenu dans la régence de Yahukimo, province de Papouasie des hautes terres.
Les agressions contre AK et IS ont eu lieu le 11 octobre 2023, mais à deux occasions différentes. AK a été attaqué alors qu’il sortait faire du jardinage le matin du 11 octobre 2023. AK a été retrouvé mort le même jour, avec un certain nombre de coups de couteau sur plusieurs parties de son corps, y compris ses parties génitales. Son cou et ses mains étaient également attachés avec une corde.
IS a également été attaquée alors qu’elle se rendait au jardin. Elle a été attaquée au Kilo 5 alors qu’elle marchait avec son enfant de 6 ans. L’enfant d’IS connaissait l’agresseur de sa mère et s’est enfui pour chercher de l’aide. La police et la famille de victime ont trouvé IS gravement blessé par plusieurs coups de couteau. La victime a été soignée à l’hôpital général régional (RSUD) de Dekai, mais n’a pu être sauvée.
Ramendei a dit que jusqu’à présent son bureau n’avait pas formé d’équipe d’enquête parce qu’il n’avait pas l’autorité nécessaire pour le faire. « On va continuer à coordonner avec la Commission nationale des droits de l’homme de la République d’Indonésie concernant cette affaire et on va former immédiatement une équipe d’enquête sur les meurtres d’IS et d’AK », a-t-il dit.
Il considère le meurtre d’IS et d’AK dans la régence de Yahukimo comme un incident extraordinaire. « On a reçu des plaintes concernant ce cas, mais on n’est pas encore venu à Yahukimo pour l’enquêter. On va continuer aussi à enquêter sur cette affaire », a-t-il indiqué.
L’un des membres des familles des victimes, Anike Mohi Kossy, a dit que les familles des deux victimes ont demandé à la police de révéler immédiatement les auteurs du meurtre. « La police a évacué les victimes vers l’hôpital et a fait des examens, mais jusqu’à maintenant, elle n’a pas révélé les auteurs du meurtre. La police doit immédiatement arrêter et poursuivre les auteurs conformément à la loi en vigueur », a-t-elle dit.
Ana Bunai, coordinatrice de la Solidarité contre les violences envers les femmes papoues (SAKTPP), a dit que son parti va continuer à faire pression et à exiger tant que les auteurs n’auront pas été révélés et arrêtés.
« On demande instamment à la Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie et à la Commission nationale des femmes de former une équipe d’enquête et de venir immédiatement à Yahukimo, parce que cette affaire s’est produite il y a un mois (mais il n’y a pas encore de solution). Pourquoi la Commission nationale des droits de l’homme a laissé cette affaire durer si longtemps ? », a-t-elle demandé.
Bunai a expliqué que le retard pris par la Commission nationale des droits de l’homme et la police dans la résolution de cette affaire a certainement porté atteinte à la dignité des femmes papoues. « Nos mères ont été insultées, violées, discriminées, intimidées et abattues comme des animaux, mais tout s’est passé sans l’application de la loi à l’encontre des auteurs de ces actes », a-t-elle expliqué.
Les femmes sont considérées comme des êtres humains de deuxième classe
Vero Hubi, une activiste papoue, a dit que les femmes papoues sont vulnérables à la violence verbale, physique et sexuelle, en particulier dans les zones de conflit. « C’est le résultat du paradigme patriarcal qui considère toujours les femmes comme des êtres humains de deuxième classe dans la société », a-t-elle déclaré.
Selon elle, pour lutter contre l’oppression des femmes papoues, il faut détruire la construction de pensées étroitement liées à l’oppression, conçues pour perpétuer les intérêts des puissances et les schémas patriarcaux de la société.
« Tant que la construction systématique et massive de la pensée patriarcale, colonialiste et capitaliste restera en place, l’oppression des femmes existera toujours », a-t-elle souligné.
Le patriarcat oblige les femmes à continuer à travailler dans la sphère domestique et les empêche de se tenir sur un pied d’égalité avec les hommes pour lutter ensemble contre les oppresseurs. « Le colonialisme est aussi un problème pour les femmes papoues », a-t-elle rappelé. (*)