Trois enfants de Keerom auraient été abusés par des soldats de l’armée de terre avec des chaînes, des bobines de fil de fer et des tuyaux

JDP
Deux enfants victimes de violences prétendument commises par des soldats de l'armée de terre dans la régence de Keerom, Bastian Bate (13 ans) et Laurents Kaung (11 ans), ont été traités a l'ATU de l'hôpital militaire de l'armée de terre Marten Indey, à Jayapura, tandis qu'une autre victime, Rahmat Faisei (14 ans) a été traitée séparément pour ses blessures plus graves. - Jubi/Hengky Yeimo

Jayapura, Jubi – Jhon Paisei, parent de l’un des trois enfants victimes de violences commises par des soldats de l’armée de terre dans la régence de Keerom, a dit que son fils, Rahmat Paisei (14 ans), ainsi que deux de ses amis, Bastian Bate (13 ans) et Laurents Kaung (11 ans), ont été battus avec des chaînes, des fils de fer et des tuyaux. Les abus se sont répétés et n’ont cessé qu’après l’arrivée de la police militaire venue de Jayapura, qui a emmené les trois enfants à l’hôpital.

C’est ce qu’a affirmé Jhon Paisei lorsqu’il a été rencontré par des journalistes à l’hôpital militaire de l’armée de terre Marthen Indey, à Jayapura, dans la soirée du vendredi (28/10/2022). Selon lui, la persécution de Rahmat Paisei, Bastian Bate et Laurents Kaung s’est produite au poste du groupe de travail des Opérations de paix de Cartenz (Satuan Tugas Operasi Damai Cartenz) situé dans la rue Maleo, village de Yuwanain, Arso II, district d’Arso, régence de Keerom, le jeudi 27 octobre 2022.

Les trois enfants ont été maltraités depuis qu’ils ont été arrêtés par des soldats de l’armée de terre au poste jeudi à 6 h pour avoir prétendument volé des cacatoès au poste. Les trois enfants ont ensuite été emmenés au poste du village de Yuwanain.

Selon Jhon, au début, les familles de victimes ne connaissaient pas la raison de l’arrestation des trois enfants. Il a indiqué que la torture de Rahmat Paisei, Bastian Bate et Laurents Kaung a commencé vers 8 heures du matin.

« Une fois au poste, ils ont torturé et agressé les enfants à l’aide de chaînes pour chiens, de tuyaux et de fils de fer. Ils ont été battus, torturés et piétinés sur tout le corps au poste. L’incident a eu lieu vers 08 h 00 – 11 h 30 », a ajouté Jhon.

Vers 11 h 30, un certain nombre de soldats de l’armée ont ensuite escorté Rahmat, Bastian et Laurents chez eux. « Nous avons été surpris lorsqu’ils ont été ramenés à la maison déjà blessés, battus. Mon fils Rahmat Paisei était blessé et saignait. Sa mère et moi sommes allés le soigner au Centre de santé communautaire à Arso », a raconté Jhon.

Après avoir soigné Rahmat, Jhon l’a emmené porter plainte pour abus au siège de la police d’Arso. La police a ordonné à Jhon de signaler l’infraction au Bureau de développement des femmes et des enfants (Dinas Pemberdayaan Perempuan dan Anak) de la régence de Keerom.

« Après avoir signalé l’incident au Bureau de développement des femmes et des enfants, nous l’avons signalé à la police de Keerom. La police de Keerom a ensuite demandé à la famille de la victime de se présenter à la police militaire de Jayapura », a-t-il poursuivi.

La mère de Rahmat a alors appelé la sœur aînée de Rahmat qui habitait à Jayapura et lui a demandé de signaler à la police militaire le cas de persécution à l’encontre de Rahmat et de ses deux amis. « La sœur aînée de Rahmat a signalé à la police militaire qu’elle devait aller chercher Fahmat Paisei et ses amis à Arso », a mentionné Jhon.

Un incident inattendu s’est alors produit. Après que Rahmat soit rentré chez lui, vers 18 h, un groupe de soldats est à nouveau venu chez lui. Jhon a précisé que Rahmat, Bastian et Laurents ont ensuite été ramenés au poste du groupe de travail des Opérations de paix de Cartenz dans le village de Yuwanain. « Je les ai vus se faire enlever pour la deuxième fois. Je voulais les aider, mais on m’a menacé avec une arme. Ils m’ont dit de regarder de loin puis ils ont torturé et battu Rahmat. La mère de Rahmat criait et pleurait “Dieu, aidez-nous. Ils ont frappé mon fils” jusqu’à ce qu’elle soit impuissante », a rapporté Jhon.

À ce moment-là, Rahmat a également hurlé de douleur. « “Aidez-moi mon Dieu, je vais mourir” », dit Jhon, imitant les cris de Rahmat. « Il a crié en pleurant. Les membres de forces de sécurité ont alors dit : “Meurs-toi, alors tu peux rencontrer le Dieu à qui tu as demandé de l’aide”. À ce moment-là, mon fils était impuissant et respirait difficilement », a témoigné Jhon.

Au poste, Jhon n’a pas pu aider les trois enfants puisqu’il a été arrêté et battu par un des soldats. « Je ne pouvais pas supporter de voir mon enfant être battu et frappé comme un animal par des membres du groupe de travail des Opérations de paix de Cartenz. J’y suis allée pour aider mon enfant. Les soldats m’ont alors donné des coups de pied dans la mâchoire, m’ont frappé et ont pointé une arme sur moi. Ils m’ont interdit de les approcher pour qu’ils puissent continuer à abuser des trois enfants. Je ne pouvais pas supporter de voir leur état, alors je les ai arrêtés », a-t-il déclaré.

Jhon a décrit qu’aux alentours de 21 h, le commandant du poste est sorti et a demandé à Jhon pourquoi il était au poste. « J’ai répondu que j’étais le parent de l’enfant que vous torturiez. Je suis venu voir mon enfant qui était abusé. Je veux savoir ce que mon fils a fait de mal. Lorsque j’ai expliqué cela, un officier est venu et m’a frappé à la tête », a-t-il décrit.

Les violences infligées aux trois enfants n’ont cessé que vers 23 h 30, après l’arrivée au poste d’un certain nombre de policiers militaires venus de Jayapura. Ils ont ensuite transporté d’urgence Rahmat, qui était gravement blessé, à l’hôpital militaire de l’armée de terre Marthen Indey à Jayapura. « S’ils étaient venus à Arso tard pour récupérer les trois victimes, nous serions en train de pleurer aujourd’hui car mon fils est mort à cause de membres du groupe de travail des Opérations de paix de Cartenz », a assuré Jhon.

Jhon a estimé que les actions des forces de sécurité qui ont abusé de son fils ressemblaient à l’époque coloniale, même si l’Indonésie est déjà indépendante. « J’espère que les coupables pourront être traduits en justice, afin qu’il y ait une justice pour nous. Comment mon fils Rahmat peut être innocent mais être battu jusqu’à ce que son état soit critique ? », a-t-il demandé.

Auparavant, le chef de l’information du Commandement de la zone militaire (Komando Daerah Militer/Kodam) XVII / Cenderawasih (Kodam), Herman Taryaman, a annoncé à Jayapura que la police militaire du Kodam XVII / Cenderawasih enquêterait sur les allégations de brutalités infligées à Rahmat, Bastian et Laurents par des soldats de l’armée de terre. Herman a confirmé que l’infraction s’est produite au poste du groupe de travail des Opérations de paix de Cartenz situé dans la rue Maleo, village de Yuwanain, Arso II, district d’Arso, régence de Keerom jeudi.

« Les premières informations que nous avons reçues étaient que le cas de passage à tabac prétendument effectué par des membres de TNI s’est produit à cause du vol au poste du groupe de travail des Opérations de paix de Cartenz. L’affaire fait maintenant l’objet d’une enquête par la police militaire. Le commandant de Kodam a ordonné au commandant de la police militaire d’enquêter immédiatement sur l’incident. La police militaire a également aidé la victime, Rahmat Paisei, à suivre un traitement à l’hôpital militaire de l’armée de terre de Marthen Indey », a-t-il fait savoir. (*)

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