Prise d’otage d’un pilote : Les habitants de 4 districts voisins de Paro également évacués

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Des membres du Bataillon d'infanterie raider 514/SY aident des centaines de résidents du district de Paro à traverser la rivière Kenyam - Documentation par Korem 172/Praja Wira Yakthi

Jayapura, Jubi – L’Église a dit que quatre districts voisins de Paro (Yuguru, Geselama, Yenggelo et Mapenduma) ont également été affectés par les répercussions de l’incendie de l’avion de Susi Air qui a conduit à la prise d’otages du pilote de Susi Air, Philip Mark Mehrtens (37 ans) de nationalité néo-zélandaise, le mardi 7 février 2023. Les habitants des quatre districts ont ainsi dû être évacués.

Le président du synode de l’église Kemah Injil (KINGMI) en Papouasie, le révérend Tilas Moom, a indiqué que la décision des habitants de se réfugier dans d’autres régions – voire de quitter la régence où ils vivent – provient du traumatisme des conflits passés entre les Forces armées indonésiennes (Tentara Nasional Indonesia/TNI) et l’Armée de libération nationale de Papouasie occidentale (Tentara Pembebasan Nasional Papua Barat/TPNPB) de l’Organisation pour une Papouasie libre (Organisasi Papua Merdeka/OPM).

« Les membres de l’église sont répartis dans les villages et les districts. Dès que cette prise d’otages a eu lieu, ils ont su qu’ils devaient se réfugier vers une région sûre. Ils ont marché à travers la forêt jusqu’à Kenyam ou même jusqu’à Wamena et Timika. C’est parce qu’ils ont vécu la mauvaise expérience de l’incident des otages à Mapenduma en 1996. À l’époque, des opérations militaires ont été menées pour poursuivre les membres de l’OPM et ont entraîné la destruction de maisons et de jardins, ainsi que la mort de porcs d’élevage. Les églises ont aussi été détruites, et les révérends et les membres de la congrégation ont été abattus. Cette expérience a donné peur aux membres de l’église, qui ont fui vers d’autres régions, comme Timika ou Wamena », a confié le révérend Tilas Moom, à Jayapura, le vendredi (17/2/2023).

Le révérend Tilas a expliqué que, selon un rapport du révérend Eliazer Tabuni (coordinateur de l’église Kingmi dans la régence de Nduga) au Kenyam, il y avait des difficultés à vérifier et à enregistrer les membres de l’église qui ont fui les quatre districts dans les jours qui ont suivi la prise d’otages du pilote de Susi Air.

Le révérend Tilas a expliqué qu’il y a trois voies pour l’évacuation des résidents. Le premier itinéraire va de Paro à Kenyam. « Pour cet itinéraire, ils doivent quitter Paro avant de pouvoir continuer leur voyage en voiture ou en hélicoptère. Certains d’entre eux sont arrivés au poste d’évacuation ou chez leurs proches à Kenyam », a-t-il expliqué. Le deuxième itinéraire va de Paro à Agimuga pour Timika et le troisième itinéraire va de Paro à Mapenduma pour Wamena.

« Auparavant, on pouvait encore communiquer. Maintenant, on ne sait pas où ils sont. Est-ce qu’ils sont à Agimuga ou à Timika ? Même chose pour les réfugiés de la troisième route vers Wamena, on ne sait pas où ils sont arrivés. On ne sait pas car il n’y a pas de réseau et on ne peut pas les appeler. Donc, notre coordinateur monte la garde à Kenyam et attend des nouvelles des membres de l’église en déplacement », a ajouté le révérend Tilas.

Contraintes de transport, de communication et de sécurité

L’église a également admis rencontrer des obstacles pour assurer une supervision directe des membres de l’église.

« On est limité par les transports aériens et terrestres qui ont été coupés après la prise d’otages, et par l’absence de réseau de communication donc on ne peut pas téléphoner », a précisé le révérend Tilas.

En outre, le révérend Tilas a fait savoir que le coordinateur de l’église et certains révérends de la région ont également admis qu’ils ne pouvaient pas se rendre dans ces villages à pied parce qu’il n’y avait aucune garantie de sécurité et de sûreté.

« Les responsables des églises de la région sont prêts à partir dans les villages mais sont inquiets car il n’y a aucune garantie de sécurité. Ils ne peuvent y aller qu’à pied pendant 2 ou 3 jours, mais des hommes armés (soit les TNI ou l’OPM) contrôlent la forêt, alors on a peur. Donc, notre coordinateur attend juste des nouvelles dans la capitale de la régence », a-t-il confié.

Entre les différentes dénominations

Le plus haut responsable de l’organisation de l’église Kingmi en Papouasie a expliqué que les districts de la régence de Nduga sont les bases des congrégations de Kingmi et de l’église Kemah Injil. Malgré les différentes dénominations, le révérend Moom espère que toutes les parties, qu’elles soient de différentes dénominations ou religions, verront cette question comme une préoccupation commune.

« Aider les gens ne voit pas la différence entre les dénominations d’église et les religions. Tous les gens doivent être protégés. Nduga est effectivement la base de Kingmi et l’église Kemah Injil, mais en tant que serviteurs de Dieu, bergers du peuple et révérend, il faut protéger tout le monde ensemble », a déclaré le révérend Tilas Moom.

De même, le secrétaire du synode Kingmi en Papouasie, le révérend Dominggus Pigay, attend également l’attention de toutes les parties à l’affaire Nduga.

« Les problèmes qui frappent les habitants de Nduga ne sont pas seulement l’incendie de l’avion et la prise d’otage du pilote qui ont eu lieu récemment. Ils ont connu de nombreux problèmes au fil des ans, notamment des violations des droits de l’homme. De nombreux problèmes qui n’ont jamais été résolus – y compris ceux qui ont fait des victimes – ont été causés par le conflit entre les TNI et la TPNPB. Si vous voulez faire la guerre, c’est votre choix, mais on demande aux commandants de garantir que les gens ne deviennent pas des victimes », a espéré le révérend Dominggus.

Le révérend Dominggus a fait remarquer que les civils sont toujours les victimes des problèmes de sécurité et de politique entre la Papouasie et Jakarta. Afin de ne pas confondre la question, il a annoncé que l’église Kingmi de Papouasie soutient une approche persuasive et de négociation pour libérer le pilote néo-zélandais afin de minimiser la violence et les violations des droits de l’homme.

« On espère qu’il n’y aura plus de fusillades, ni d’hélicoptères qui survolent et lâchent des choses dans les villages. Il est hors de question que ce genre de choses se répète. On apprécie les efforts du gouvernement et des forces de sécurité pour privilégier la persuasion. Espérons que les efforts futurs seront faciles et que les gens peuvent retourner au village pour vivre en paix, aller à l’église sans crainte et aller au jardin librement », a-t-il souhaité.

Auparavant, lundi (13/2/2023), le commandant de la force opérationnelle du bataillon d’infanterie raider 514/SY, Rinto Wijaya, a envoyé deux équipes d’évacuation contenant des membres conjoints des TNI et de la Police nationale (Kepolisian Republik Indonesia/Polri) dirigés par Anggika, en tant que responsable territorial de la force opérationnelle, à l’endroit du passage des résidents vers Kenyam, la capitale de Nduga.

Les deux équipes d’évacuation se sont déplacées vers la rivière Kenyam pour évacuer des centaines de résidents du district de Paro qui ont dû se réfugier après l’incendie de l’avion de Susi Air qui a conduit à la prise d’otage du pilote de Susi Air. Des véhicules de transport du personnel des TNI/Polri et des véhicules du gouvernement local ont participé au processus d’évacuation.

“Nous continuerons à servir sans relâche la communauté, en union entre les TNI et la Polri, et à travailler main dans la main avec le gouvernement local pour assurer la sécurité de la régence de Nduga”, a assuré Rinto Wijaya dans un communiqué de presse reçu par Jubi.

D’après les rapports du gouvernement de la régence de Nduga, province de Papouasie des hautes terres, 167 habitants du district de Paro ont marché pendant environ 7 jours sans provisions logistiques adéquates. À l’hôpital général régional de Kenyam, les réfugiés ont bénéficié d’un premier examen de santé et d’un traitement médical. (*)

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