Persécution de Bruno Kimko et Yohanis Kanggun à l’aide d’un bois de bua, d’un câble électrique, d’un morceau de bambou et d’un tuyau d’eau

Persécution
Le chef de la Commission nationale des droits de l'homme de Papouasie, Frits Ramandey, annonce les résultats d'une enquête menée par une équipe de cette commission à Jayapura, lundi (19/9/2022).

Jayapura, Jubi – La Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie a publié les résultats de son contrôle et de son enquête sur les abus commis par des soldats du bataillon d’infanterie Raider 600/Modang, qui ont entraîné la mort d’un habitant de la régence de Mappi. Les deux victimes, Bruno Amenim Kimko et Yohanis Kanggun, ont été torturées pendant huit heures à l’aide de bois de bua, de câbles électriques, de bambou et de tuyaux d’eau.

C’est ce qu’a dit le chef de la Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie, Frits Ramandey, en annonçant les résultats d’une enquête menée par l’équipe de la Commission à Jayapura, lundi (19/9/2022). La chronologie de la persécution compilée par la Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie explique que le 30 août 2022, Bruno Amenim Kimko et Yohanis Wem Kanggun, qui étaient sous l’emprise de l’alcool, se sont rendus chez un résident portant les initiales AY.

À cette époque, Kimko voulait rencontrer une proche de AY, une femme portant les initiales PI qui aurait eu une relation spéciale avec Kimko. La visite s’est mal terminée. La famille d’AY a même accusé Kimbo d’avoir essayé de la violer, et AY s’est plainte auprès des soldats du bataillon d’infanterie Raider 600/Modang qui montaient la garde à la poste de Bade.

La chronologie indique que le rapport de AY a été reçu par le soldat de 2e classe Achmad Roof, qui a immédiatement transmis le rapport à son supérieur, le sergent Diki Wahyudi, en tant que commandant de l’escouade. Achmad Roof a ensuite invité neuf autres soldats à arrêter Bruno Amenim Kimko et Yohanis Wem Kanggun pour les emmener tous deux au poste de Bade. « Avant de partir, ils avaient signalé au commandant adjoint du poste qu’ils partaient », a précisé Ramandey.

Yohanis Wem Kanggun s’est échappé, mais a finalement été rattrapé et emmené au poste de Bade. Depuis 8 h, Kanggu ainsi que Bruno Amenim Kimko ont subi tour à tour des persécutions de la part des soldats du bataillon d’infanterie Raider 600/Modang.

Ramandey a révélé que, d’après le récit de Yohanis Wem Kanggun, lui et feu Bruno Amenim Kimko ont été torturés à plusieurs reprises dans la cour du poste. La torture effectuée par plusieurs membres des Forces armées indonésiennes (Tentara Nasional Indonesia/TNI) s’est déroulée de 8 h 00 à 16 h 00. Kanggun a même confié à la Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie que Kimko et lui avaient été jetés dans un étang boueux.

« La persécution a été faite à plusieurs reprises. Une personne est venue et a fait les mauvais traitements, puis est partie. Après cela, un autre soldat a fait la même chose. Puis ils ont été immergés dans un étang boueux. C’est le témoignage de la victime Yohanis Wem Kanggun. Après cela, les deux ont été placés dans un endroit voisin, mais finalement Kanggun a été déplacé dans un autre endroit vers 17 heures. Kanggun a vu la victime Bruno Amenim Kimko déjà dans un état d’impuissance, et même soupçonné d’être mort à 17 heures », a ajouté Ramandey.

Ramandey a fait savoir que Kanggun et Kimko ont été maltraités par des soldats du bataillon d’infanterie Raider 600/Modang à l’aide d’un bois de bua, d’un câble électrique, d’un morceau de bambou et d’un tuyau d’eau. Kanggun et Kimko ont été torturés en position de pompes et battus à tour de rôle par plus de 10 soldats du poste de Bade. Le sergent Diki Wahyudi, par exemple, a admis avoir torturé la victime à l’aide de bambous à sept reprises.

« Ils ont été emmenés sur le côté du poste, on leur a dit de s’allonger, puis ils ont été torturés à plusieurs reprises. Diki a admis : “Je n’ai frappé que sept fois, après quoi je suis allé fumer et regarder la télévision”. Le bambou qu’il a utilisé a été placé là. Puis d’autres sont venus et ont utilisé le même bambou pour faire la même torture. La victime a également été torturée avec du bois de bua provenant d’un arbre de mangrove. Kanggun a affirmé qu’ils étaient abusés en utilisant du bois de bua, un câble électrique de la taille d’un doigt, du bambou et un tuyau d’eau. Ainsi, les objets étaient placés, puis un soldat venait, utilisait l’objet pour frapper, puis posait les outils, et repartait. Après cela, un autre soldat est venu et a fait la même chose. On soupçonne que la victime est décédée à la suite d’abus répétés », a poursuivi Ramandey.

Selon Ramandey, l’autopsie de Bruno Amenim Kimko a montré que la victime souffrait de blessures à la tête et au cou, mais la blessure au cou avait déjà été recousue. L’épaule gauche et l’épaule droite de la victime ont été meurtries. Il y avait également une blessure ouverte sur la poitrine et une ecchymose noirâtre sur l’estomac de la victime. Des ecchymoses noires ont aussi été trouvées sur le dos et les cuisses droite et gauche de la victime.

Kanggun n’avait aucune blessure à la tête ou au cou, mais ses épaules droite et gauche étaient meurtries et pleines d’égratignures. Le torse de Kanggun était également meurtri de manière bleutée. Ses cuisses étaient éraflées et noircies, son dos était blessé, et le reste de son corps était meurtri.

Les deux hommes ont également été contraints de se frotter les parties génitales avec du baume. « Les membres de TNI ont apporté du baume, puis ils ont été forcés de se frotter les parties génitales et de s’excuser auprès du plaignant. Imaginez, c’était très sadique. Kanggun a affirmé que plus de 10 personnes les ont torturés, mais qu’ils n’ont pas eu la possibilité de voir. Yohanis Kanggun est maintenant traumatisé de voir des membres de TNI. Imaginez, un adulte mais qui prétend être traumatisé à cause de l’abus », a commenté Ramandey.

La commission nationale des droits de l’homme de Papouasie a demandé instamment au commandant de TNI, au chef d’état-major de l’armée et au commandant du Commandement de la région militaire XVII/Cenderawasih d’évaluer le déploiement du bataillon d’infanterie Raider 600/Modang du Commandement de la région militaire VI/Mulawarman en Papouasie. « Nous demandons instamment au commandant de TNI et au chef d’état-major de l’armée (de procéder à une évaluation) puisque l’envoi des soldats était fondé sur la politique du Quartier général de TNI et approuvé par le commandant de TNI et le commandant du Commandement de la région militaire XVII/Cenderawasih », a demandé Ramandey.

La commission nationale des droits de l’homme de Papouasie a également demandé que la procédure judiciaire contre le commandant de la force opérationnelle du bataillon d’infanterie Raider 600/Modang, le commandant du poste de Bade, le commandant adjoint du poste de Bade et les soldats impliqués dans la persécution soit menée en Papouasie. « L’application de la loi contre tous les membres, qu’il s’agisse de 10, 18 ou 22 soldats, doit se faire sur le territoire du Commandement de la région militaire XVII / Cenderawasih. Jusqu’à présent, ils font toujours l’objet d’une enquête et n’ont pas été désignés comme suspects », a conclu Ramandey. (*)

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