Membre de TNI mettant de l’argent sur le cercueil, Hesegem : Très irrespectueux et déshumanisant pour les Papous indigènes

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Des membres de TNI ont déposé 200 millions de roupies indonésiennes sur les cercueils de Bruno Anonim Kimko et Yohanes Kanggum à Mappi - IST

Enarotali, Jubi – Theo Hesegem, directeur exécutif de la Fondation de la justice et de l’intégrité humaine de Papouasie, est outragé par le traitement réservé aux Papous par l’armée de terre indonésienne, qui, selon lui, a échangé la dignité des Papous indigènes contre une valeur monétaire.

C’est ce qu’a fait savoir Hesegem à Jubi concernant le cas de persécution qui a conduit à la mort de Papous indigènes à Mappi par des soldats de l’armée de terre indonésienne, qui, selon lui, ont exprimé leur regret en remplaçant des vies par de l’argent.

« Je vois que jusqu’à présent la valeur de l’argent est la valeur de négociation pour payer le meurtre de civils et l’argent est devenu la norme pour les membres de Forces armées indonésiennes (Tentara Nasional Indonesia/TNI) pour résoudre leur traitement par le mécanisme des accords de droit coutumier », dit Theo Hesegem, directeur exécutif de Fondation de la justice et de l’intégrité humaine de Papouasie à Jubi le mardi, (13/9/2022).

Hesegem a rappelé que le fait de prendre la vie d’une personne est un acte illégal et qu’elle doit donc être traitée conformément à la loi applicable. Selon lui, l’incident survenu à Mappi le 30 août 2022 est la torture de deux civils nommés Bruno Anonim Kimko et Yohanes Kanggum par des militaires du bataillon d’infanterie Raider 600 Modang affectés à Mappi.

Cette persécution brutale a entraîné la mort de Bruno Anonim Kimko. Le commandant du poste militaire souhaitant accélérer le processus des funérailles, un représentant de l’armée, le major Stevy G. Titiheru, a versé une compensation monétaire de 200 millions de roupies indonésienne à la famille de la victime pendant la cérémonie des funérailles.

« À mon avis, les membres de TNI qui placent de l’argent sur le cercueil et prennent ensuite des photos ensemble sont très irrespectueux et rabaissent la dignité des Papous indigènes. C’est très mesquin », a-t-il ajouté.

« En tant que défenseur des droits de l’homme, j’aimerais faire comprendre pourquoi l’estime de soi des Papous indigènes se négocie facilement avec une petite somme d’argent. Jusqu’à présent, l’argent est devenu la norme pour les officiers de TNI pour résoudre le problème des traitements inhumains. Cela a entraîné la perpétuation du meurtre et de la torture des Papous indigènes », a-t-il questionné.

Selon Hesegem, comme l’argent versé en échange de la vie est considéré comme une chose courante pour les forces de sécurité en service en Papouasie, il est facile pour les membres de TNI de prendre la vie de Papous indigènes. Pendant ce temps, les familles ne se rendent pas compte que les offres de valeur monétaire ne sont pas synonymes de dignité humaine, surtout avec des offres très pauvres.

« Finalement, avec cette offre mediocre, la famille a accepté l’offre et alors un terme s’est développé parmi les membres de TNI : “payez de l’argent et le problème sera résolu” (Kasih uang, habis perkara) et cela a été considéré comme une chose commune », a-t-il indiqué.

« La famille de la victime demande souvent que les auteurs de violences soient traités conformément à la loi applicable, mais tout peut être entravé et le problème ne peut être traité parce que l’argent a été versé à la famille et que l’affaire est considérée comme terminée », a-t-il poursuivi.

Hesegem pense que l’application de la loi est un élément important puisque la loi est la principale autorité dans ce pays, de sorte que la loi doit être respectée et que tous doivent être soumis à la loi. La loi ne favorise jamais le coupable, celui qui est coupable doit être tenu légalement responsable de ses actes.

« En tant que défenseur des droits de l’homme, je crains que ce paiement ne s’inscrive dans le cadre d’un effort visant à régler l’affaire en dehors de la loi et à empêcher l’auteur de l’infraction de répondre de ses actes devant un tribunal. J’ai lu que le paiement de 200 millions de roupies indonésienne est mentionné dans des rapports circulant en Europe. Selon les informations reçues, l’argent provient de fonds gouvernementaux qui auraient été donnés par le régent de Mappi à l’armée pour payer des indemnités aux familles des victimes », a-t-il précisé.

Hesegem a confié qu’après avoir vu la photo de l’argent placé sur le cercueil et un certain nombre de membres de TNI prenant des photos avec, il s’est étonné.

« J’espère que le commandant de TNI, Andika Perkasa, et le chef d’état-major de l’armée prêteront attention à cet incident et nous l’expliqueront (aux Papous indigènes). Est-ce que les membres de TNI montrent qu’avec de l’argent, le problème est considéré comme résolu ? Est-ce que le commandant de TNI suggère que ses membres sont obligés et doivent mettre de l’argent sur le cercueil ? En attendant, ce que je sais, c’est que chaque membre de l’armée, depuis sa formation jusqu’à son entrée en service, a été équipé des huit connaissances obligatoires des membres de TNI », a-t-il espéré.

Hesegem a souligné que l’Indonésie a désormais ratifié la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et l’a adoptée dans la loi n° 5 de 1998.

« Ce traitement rabaisse la dignité et l’estime de soi de l’institution TNI aux yeux du public local, national et international. J’espère que le commandant de TNI doit être ferme avec ses membres afin qu’ils ne commettent pas d’actes inhumains », a-t-il conclu. (*)

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