Jayapura, Jubi – Le tribunal de Jayapura a poursuivi mercredi (15/3/2023) le procès des accusations de trahison à l’encontre du porte-parole international du Comité national de Papouasie occidentale (Komite Nasional Papua Barat/KNPB), Viktor Yeimo. Au cours de l’audience, les activistes Alexander Gobai et Ones Busop, qui ont été présentés comme témoins à décharge de l’accusé, ont dit que la manifestation contre le racisme envers les Papous de 2019 avait été planifiée comme une activité pacifique. Tous deux ont également affirmé que ni Viktor Yeimo ni la KNPB n’avaient planifié ou mobilisé les manifestations à Jayapura les 19 et 29 août 2019.
L’affaire de trahison présumée dont est accusé Viktor Yeimo est liée aux manifestations contre le racisme envers les Papous qui ont eu lieu à Jayapura les 19 et 29 août 2019. Ces manifestations visaient à protester contre les insultes raciales proférées à l’encontre d’étudiants papous au dortoir des étudiants papous Kamasan III à Surabaya, le 16 août 2019.
Yeimo a été accusé de trahison parce qu’il était considéré comme le dirigeant de la manifestation. L’affaire a été enregistrée au tribunal de Jayapura sous le numéro 376/Pid.Sus/2021/PN Jap le 12 août 2021. Le procès a été présidé par un panel de juges présidé par Mathius avec les membres Andi Asmuruf et Linn Carol Hamadi (un nouveau membre du panel de juges).
Alexander Gobai était le coordinateur sur le terrain des deux manifestations pacifiques contre le racisme (19 et 29 août 2019). À l’époque, il était président des étudiants de l’Université des sciences et de la technologie de Jayapura (Universitas Sains dan Teknologi Jayapura/USTJ). Ones Busop a quant à lui participé à une réunion visant à planifier la manifestation antiraciste du 29 août 2019. À l’époque, Busop était l’un des administrateurs du Conseil exécutif des étudiants (Badan Eksekutif Mahasiswa/BEM) de l’USTJ.
Gobai a indiqué qu’il avait été convenu que la manifestation contre le racisme du 19 août 2019 se déroulerait pacifiquement et dans la dignité. Il a précisé que la planification de la manifestation avait été effectuée au bâtiment Keluarga Besar Universitas Cenderawasih, Perumnas 3 Waena, le 18 août 2019.
Gobai a mentionné que la réunion à huis clos était coordonnée par le BEM de l’Université Cenderawasih et assistée par le BEM de l’USTJ, le BEM de STIKOM, le BEM de Umel Mandiri, le BEM d’Ottow et Geissler, et le BEM de l’Université Yapis.
Un certain nombre d’activistes d’organisations faisant partie du groupe Cipayung, telles que l’Association des étudiants islamiques (Himpunan Mahasiswa Islam/HMI), l’Association des étudiants catholiques de la République d’Indonésie (Perhimpunan Mahasiswa Katolik Republik Indonesia/PMKRI), et le Mouvement des étudiants chrétiens indonésiens (Gerakan Mahasiswa Kristen Indonesia/GMKI), étaient également présents à la réunion. Gobai a temoginé que Viktor Yeimo et la KNPB n’étaient pas impliqués dans l’organisation de la manifestation.
Selon Gobai, tous les représentants des organisations qui ont participé à la réunion du 18 août 2019 ont convenu d’organiser une manifestation dans la paix et la dignité en marchant ensemble jusqu’au bureau du gouverneur de la province de Papouasie. La réunion a également convenu d’un certain nombre de demandes, y compris la poursuite des coupables de racisme à Surabaya avec des sanctions sévères et la demande à toutes les parties de mettre fin au racisme ou à la persécution du peuple et des communautés papous.
Il a fait savoir que la lettre de notification de la manifestation avait été envoyée à la police municipale (Kepolisian Resor Kota/Polresta) de Jayapura et que la police avait autorisé les étudiants à organiser une manifestation pacifique contre le racisme. « La lettre de notification a été livrée directement par le président du BEM de l’université Cenderawasih, Ferry Kombo », a fait savoir Gobai devant le tribunal, mercredi.
Gobai a raconté que tous les groupes s’étaient rassemblés au rond-point d’Abepura, à Jayapura. Par la suite, les masses de la manifestation contre le racisme ont marché ensemble vers le bureau de la Chambre des représentants (Dewan Perwakilan Rakyat/DPR) de Papouasie et le bureau du gouverneur de Papouasie sous l’escorte de la police.
À Abepura, Gobai a constaté que la manifestation était devenue difficile à contrôler parce que de nombreux habitants de Jayapura s’étaient joints à la protestation. Il a dit avoir vu Viktor Yeimo prononcer des discours et exhorter la foule à mener la manifestation de manière ordonnée et pacifique.
Gobai a déclaré que sur le chemin entre le rond-point d’Abepura et le bureau du gouverneur de Papouasie, la foule a crié « Vive le peuple » (Hidup Rakyat). La foule a également scandé « Papouasie » (Papua), ce à quoi il a été répondu par « Libre » (Merdeka).
Arrivés au bureau du gouverneur de Papouasie, Gobai a décrit qu’ils ont été reçus directement par le gouverneur de Papouasie de l’époque, Lukas Enembe. En outre, plusieurs membres du Conseil du peuple papou (Majelis Rakyat Papua/MRP), des membres de la DPR de Papouasie, des figures religieux, des figures coutumières, des figures féminines et des fonctionnaires de la police provinciale (Kepolisian Daerah/Polda) de Papouasie ont également reçu des représentants des manifestants.
Gobai a expliqué que chaque représentant des groupes de manifestants, y compris les étudiants, les organisations de jeunesse, les figures religieux, les figures coutumières, les figures féminines et le Comité national de la jeunesse indonésienne (Komite Nasional Pemuda Indonesia), a prononcé un discours à tour de rôle. Gobai a noté que les masses ont également demandé à Viktor Yeimo de faire des discours.
« Laissez-le (Viktor Yeimo) parler », a répliqué Gobai, en imitant la demande de la foule à ce moment-là. Gobai a observé que le discours de Yeimo expliquait le racisme et demandait que la dignité des Papous ne soit pas bafouée.
Gobai a poursuivi en expliquant que les coordinateurs de terrain ont ensuite soumis une lettre de revendication contenant six points sur leur attitude à l’égard de l’affaire des propos racistes à Surabaya. Les revendications soumises à Lukas Enembe comprennent la demande que les auteurs de racisme à Surabaya soient sévèrement punis et l’exhortation de toutes les parties à mettre fin au racisme ou à la percussion contre les Papous. Après avoir présenté sa déclaration, la foule s’est dispersée dans l’ordre et en toute sécurité.
Gobai a dit avoir remis cette déclaration à Surabaya avec le Forum de coordination des dirigeants régionaux de la province de Papouasie. Gobai a déclaré que la déclaration d’attitude a été soumise au gouverneur de Java Est, Khofifah Indar Parawansa. Gobay est ensuite retourné à Jayapura le 28 août 2019.
Gobai a avoué qu’il n’était pas impliqué dans la planification de la manifestation du 29 août 2019. Il a appris la tenue de la deuxième manifestation grâce à un tract distribué sur Internet qui indiquait que le BEM de l’USTJ était responsable de la manifestation.
Il a admis qu’il était surpris parce qu’en tant que président des étudiants de l’USTJ, il n’était pas au courant de la manifestation. Cependant, il a fait part de son implication dans la manifestation du 29 août 2019, parce qu’en tant que président des étudiants du BEM de l’USTJ, il a dû participer à la sécurisation de la manifestation.
Gobai a fait remarquer que lors de la deuxième manifestation, ils ont communiqué avec un membre de la DPR de Papouasie, Laurenz Kadepa, pour qu’il reçoive leurs aspirations à Abepura. Cependant, les aspirations n’ont pas été remises à Abepura et une partie des masses se trouvait déjà au bureau du gouverneur de Papouasie.
Gobai a déclaré qu’il n’avait pas vu Viktor Yeimo et qu’il n’avait pas vu le drapeau du KNPB lors de la manifestation du 29 août 2019. Il a ajouté qu’il n’était pas au courant de l’incendie d’un certain nombre de magasins à Jayapura à l’époque. « On ne sait pas qui a mis le feu », a déclaré Gobai.
Gobai a constaté que les masses qui venaient d’arriver devant le bureau de la DPR de Papouasie ont été dispersées par la police à l’aide de gaz lacrymogènes. Mais finalement, la foule a pu arriver au bureau du gouverneur de Papouasie. Gobai a affirmé qu’il était arrivé au bureau du gouverneur de Papouasie vers 19 heures et que la foule avait été reçue par Laurenz Kadepa.
Selon Gobai, parce qu’il était trop tard dans la nuit, une foule d’environ 700 personnes a alors dormi sur la cour du bureau du gouverneur de Papouasie. Gobai a raconté que le lendemain matin, ils sont rentrés chez eux escortés par la police.
Un autre témoin, Ones Busop, a déclaré qu’il avait participé à la planification de la manifestation du 29 août 2019. Il a déclaré que la réunion de planification de la manifestation avait eu lieu dans le hall de l’USTJ le 28 août 2019.
Busop a dit que tout le BEM de Jayapura, les organisations communautaires et de jeunesse, ainsi que la communauté papoue ont participé à la réunion. Il a indiqué qu’une lettre de notification avait été soumise à la police. Au cours de la réunion, les demandes discutées portaient sur le recouvrement des promesses faites lors de la première manifestation du 19 août 2019.
Busop a précisé que la réunion a également convenu que la manifestation du 29 août 2019 se déroulerait de manière pacifique, en marchant ensemble jusqu’au bureau du gouverneur de Papouasie. Busop a ajouté que le KNPB et Viktor Yeimo n’étaient pas impliqués dans la planification de la manifestation du 29 août 2019. Il n’a pas non plus vu Yeimo lors de la deuxième manifestation.
Busop a également avoué ne pas être au courant de l’incendie d’un certain nombre de magasins à Jayapura le 29 août 2019. Busop a raconté que la foule avait été aspergée de gaz lacrymogène à son arrivée au bureau de la DPR de Papouasie et a affirmé que lui-même, Alexander Gobai et son entourage étaient arrivés au bureau du gouverneur de Papouasie à 19 h. (*)
