Le cas de fusillade et de mutilation à Puncak est soumis à la Commission nationale des droits de l’homme

mutilation
Des bénévoles de l'institut d'aide juridique (LBH) Talenta Keadilan Papua et des étudiants de la régence de Puncak, en Papouasie centrale, posent pour une photo de groupe après avoir déposé une plainte auprès de la Commission nationale des droits de l'homme, à Jakarta, concernant la fusillade et la mutilation dont a été victime Tarina Murib. - Documentation par LBH Talenta Keadilan Papua

Nabire, Jubi – Mis Murib, de la division des médias de l’Institut d’aide juridique Talenta Keadilan Papua (LBH TKP), a dit que son parti avait déposé une plainte auprès de la Commission nationale des droits de l’homme concernant la fusillade et la mutilation de Tarina Murib, une résidente du district de Yugumoak, de la régence de Puncak, de la Papouasie centrale. Dans sa plainte, le LBH TKP s’est également plaint que neuf autres civils de Yugumoak aient été abattus.

Le meurtre et la mutilation de Tarina Murib ont eu lieu le 3 mars 2023. Selon Mis Murib, des plaintes concernant ces deux affaires ont été reçues par la Commission nationale des droits de l’homme à Jakarta le 9 juin 2023.

« On s’est plaint du meurtre et de la mutilation de Tarina Murib et de neuf autres civils qui auraient été abattus par les forces de sécurité pendant une poursuite de l’Armée de libération nationale de Nouvelle-Guinée occidentale (TPNPB) au district de Yugumuak, dans la régence de Puncak », a indiqué Mis.

Il a ajouté que son parti avait également déposé une plainte concernant la fusillade de l’enseignant du lycée YPPGI Sinak, Panius Tabuni, qui s’est produite dans le village de Tapulinik, Sinak, Puncak. « Ce cas a aussi été officiellement enregistré auprès de la commission des plaintes de la Commission nationale des droits de l’homme », a-t-il ajouté.

Mis a expliqué que les plaintes avaient été déposées lors d’une audience avec le commissaire aux plaintes de la Commission nationale des droits de l’homme, Hari Kurniawan. « J’ai présenté la situation à Puncak, les conditions réelles à Ilaga (la capitale de la régence de Puncak) et dans plusieurs autres districts qui sont devenus des points de combat entre les Forces armées indonésiennes (TNI)/Police nationale (Polri) et la TPNPB, ce qui a parfois coûté la vie à des civils qui n’en savaient rien », a-t-il expliqué.

Mis a également rendu compte de la situation des habitants des districts de Yugumoak et de Mageabume qui ont fui vers Puncak. « Depuis les fusillades et les mutilations, les habitants des districts de Yugumoak et de Mageabume se sont réfugiés dans les régences de Puncak Jaya, de Nabire et de Timika », a-t-il fait savoir.

Mis a constaté que le conflit armé à Puncak avait conduit les forces de sécurité à restreindre les activités des civils dans cette région. Il a signalé cette situation à la Commission nationale des droits de l’homme.

« On a signalé que les lieux de culte étaient fermés, que les activités de jardinage étaient limitées et que les maisons des habitants étaient strictement gardées par les forces de sécurité. C’est ce qui s’est passé à Puncak, en particulier à Sinak », a signalé Mis.

Il espère que la Commission nationale des droits de l’homme va envoyer une équipe sur le terrain pour se rendre compte de la situation des habitants de Puncak. « J’espère que la Commission nationale des droits de l’homme peut se rendre sur le terrain pour voir la situation des habitants. Si on ne la voit qu’à travers les médias ou les rapports, on ne la ressent pas. On veut que la Commission nationale des droits de l’homme se rende sur place, qu’elle recueille des informations et qu’elle poursuive légalement les coupables de violences à l’encontre des habitants », a espéré Mis.

Manise Murib, représentant du Conseil des étudiants de Puncak à Java et Bali, a demandé à la Commission nationale des droits de l’homme de traiter en priorité les cas de violations présumées des droits de l’homme en Papouasie, en particulier dans le district de Yugumuak, à Puncak. « Les autres cas peuvent attendre. On a besoin de la présence des dirigeants de la Commission nationale des droits de l’homme sur le terrain pour voir la situation de notre région », a indiqué Manise, qui a participé à l’audition et à la rédaction du rapport sur l’affaire.

Manise a demandé à la Commission nationale des droits de l’homme de trouver les auteurs de la fusillade et de la mutilation de Tarina Murib. « On espère que la direction de la Commission nationale des droits de l’homme, grâce au rapport de plainte, peut traiter l’affaire sérieusement, jusqu’à ce que les auteurs soient poursuivis », a-t-il espéré.

Il a également demandé au chef de la Polri et au commandant des TNI de veiller à ce que chaque membre de la Polri ou des TNI affecté en Papouasie reçoive des instructions spéciales concernant l’anthropologie et les habitudes de vie des Papous. « Si cela continue, on continue d’être des victimes », a insisté Manise.

Le commissaire chargé des plaintes à la Commission nationale des droits de l’homme, Hari Kurniawan, a dit que les commissaires de la Commission nationale des droits de l’homme se rendraient prochainement en Papouasie. « On va mener des activités en Papouasie. On espère discuter et prioriser le traitement des différents cas en Papouasie », a-t-il dit.

Hari a indiqué que la Commission nationale des droits de l’homme est ouverte à la possibilité de former une équipe spéciale pour traiter les cas de violations présumées des droits de l’homme en Papouasie. « On a aussi besoin du soutien des amis des groupes de la société civile, des étudiants ou des familles des victimes pour collecter des données plus tard, car on ne connaît pas les conditions de Puncak, surtout car c’est une région sujette à des conflits », a-t-il indiqué.

Accusations mutuelles

Depuis que Tarina Murib a été abattue et mutilée dans le district de Yugumuak le 3 mars 2023, les TNI et la TPNPB s’accusent mutuellement d’être responsables de l’incident. Le chef de l’information de la zone militaire XVIIe/Cenderawasih, Herman Taryaman, a dit que Tarina Murib avait été abattue par la TPNPB. C’est ce qu’a dit Herman dans sa déclaration écrite à la presse le 6 mars 2023.

« La nouvelle selon laquelle les TNI ont tiré sur l’habitant de Pamebut et l’ont mutilé est un canular délibérément répandu par le TPNPB, ses sympathisants, les provocateurs et les terroristes qui veulent intentionnellement abattre l’autorité des forces de sécurité qui se concentrent sur la protection des civils et la recherche du pilote de Susi Air », a indiqué Herman dans sa déclaration à la presse.

D’autre part, le commandant de la zone de guerre de Sinak, Kalenak Murib, a démenti la déclaration des TNI selon laquelle la TPNPB avait tiré sur des civils. Il a accusé les TNI d’avoir tiré sur des civils. « On réfute la déclaration de l’appareil colonial indonésien qui dit que la TPNPB a tiré sur des civils. On n’a jamais tiré sur des civils ou brûlé les maisons des gens. Ce sont les soldats des TNI qui ont tiré sur des civils quand ils nous ont poursuivis dans le village de Winisu », a-t-il déclaré.

Le 8 mars 2023, Usman Hamid, directeur exécutif d’Amnesty International Indonesia, a appelé les forces de sécurité à mener une enquête approfondie sur la mort de Tarina Murib, qui aurait été tuée par balle et mutilée. « Ne vous empressez pas de tirer des conclusions avant de mener une enquête approfondie conformément aux procédures en vigueur. On rappelle toujours que la violence entre les forces de sécurité et les groupes papous indépendantistes n’apportera rien d’autre qu’une augmentation du nombre de victimes », a déclaré Usman. (*)

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