L’acquittement de l’accusé dans l’affaire du Paniai sanglant constitue un mauvais précédent pour l’application des droits de l’homme en Papouasie

La Commission nationale des droits de l'homme
Frits Ramandey, chef de la Commission nationale des droits de l'homme de Papouasie. - Jubi/Theo Kelen

Jayapura, Jubi – Le chef de la Commission nationale des droits de l’homme en Papouasie, Frits Ramandey, a dit que la décision du tribunal des droits de l’homme de Makassar d’acquitter l’accusé dans l’affaire Paniai sanglante, le major d’infanterie (retraité) Isak Sattu, constituait un mauvais précédent pour l’application de la loi dans les cas de violations flagrantes des droits de l’homme en Indonésie, et notamment en Papouasie. Ramandey l’a dit à Jayapura, samedi (10/12/2022).

Ramandey a indiqué que la Commission était préoccupée par le verdict. « La Commission nationale des droits de l’homme de Papouasie exprime son inquiétude et ses regrets concernant le verdict du tribunal des cas flagrants des droits de l’homme à Makassar qui a acquitté le coupable », a indiqué Ramandey.

Le 8 décembre 2022, le tribunal des droits de l’homme de Makassar a rendu un verdict selon lequel il n’a pas été prouvé de manière légale et convaincante qu’Isak Sattu avait commis des violations flagrantes des droits de l’homme. Un panel de juges dirigé par Sutisna Sawati et composé d’Abdul Rahman, Siti Noor Laila, Robert Pasiribu et Sofi Rahman Dewi l’a acquitté de tous les chefs d’accusation parce que l’élément de responsabilité du commandement n’était pas prouvé. Sur les cinq juges de l’affaire, deux juges ont exprimé des opinions dissidentes sur l’acquittement.

Ramandey a fait remarquer que l’acquittement d’Isak Sattu constituait un mauvais précédent pour l’application des droits de l’homme en Papouasie. Selon lui, si les affaires de droits de l’homme ne sont pas résolues correctement, cela sera très dangereux parce que cela fera des questions de droits de l’homme une question politique.

« On doit aussi se rappeler que dans certains pays indépendants, les questions de droits de l’homme suscitent la sympathie de la communauté internationale et qu’il existe un potentiel d’intervention, comme ce fut le cas au Timor Oriental. Bien sûr, dans la situation politique de l’Indonésie, c’est différent, mais il y a des événements relatifs aux droits de l’homme qui peuvent être un élément déclencheur pour encourager une intervention internationale », a-t-il expliqué.

Ramandey s’inquiète également du fait que l’acquittement dans l’affaire du Paniai sanglant a rendu les Papous de plus en plus méfiants à l’égard de l’État pour ce qui est de résoudre les cas de violations des droits de l’homme en Papouasie. Il est certainement à craindre que cela pousse les gens à utiliser leurs propres moyens pour faire respecter les droits de l’homme.

Selon Ramandey, pour que la confiance de la population papoue envers l’État ne se détériore pas, il serait préférable que le procureur général exerce immédiatement son autorité pour réenquêter sur l’affaire du Paniai sanglant. Ramandey a ajouté que les résultats de l’enquête menée par la Commission nationale des droits de l’homme sur cette affaire avaient recommandé plusieurs noms de personnes ayant eu la responsabilité du contrôle des troupes lors de l’incident de Paniai sanglant et que ces noms pourraient être convoqués par les enquêteurs du bureau du procureur général.

« On peut juste appeler le commandant du groupe de travail à l’époque, le chef de la police à l’époque, le chef du commandement de district à l’époque. Dans les documents de l’équipe ad hoc (de la Commission nationale des droits de l’homme), on peut lire ces noms », a-t-il déclaré. (*)

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *