La tribu Amungme demande au président de l’Indonésie de participer à l’examen de l’Amdal de PT Freeport Indonesia

PT Freeport Indonesia
Résidus miniers de Freeport autour de l'aéroport Moses Kilangin de Timika

Jayapura, Jubi – Le directeur de l’Institut du peuple autochtone Amungme (LEMASA), Jhon Magal, a demandé au président Joko Widodo de revoir la deuxième Évaluation d’impact environnemental (Amdal) de PT Freeport Indonesia (PT FI) sur l’exploitation minière souterraine et les résidus miniers. Cette mesure s’impose parce que la préparation de l’Amdal n’a pas impliqué les peuples autochtones et les résidents concernés autour de la zone d’exploitation minière.

« On va transmettre les aspirations du peuple autochtone Amungme, surtout les habitants des trois vallées de Nemangkawi : Waa, Tsinga et Arwanop. Car on sent l’impact direct des opérations de PT Freeport Indonesia, on a besoin d’exprimer l’injustice, la fraude, la pauvreté et l’impuissance qu’on vit et qu’on ressent », a-t-il dit dans un court message à Jubi, mercredi (24/1/2024).

Il a ajouté que depuis que PT Freeport est entré sur le territoire coutumier des Amungsa Nemangkawi par le biais du contrat de travail signé le 7 avril 1967 sur la base de la Loi n° 1 de 1967 sur les investissements étrangers, la terre sacrée de la tribu Amungme a été détruite et polluée, et la montagne considérée comme sacrée par le peuple autochtone a été endommagée.

« Les activités minières ont causé de graves dommages à notre environnement, des montagnes à la mer », a-t-il affirmé.

Il a précisé que depuis la présence de PT Freeport Indonesia sur les terres coutumières d’Amungsa Nemangkawi, le peuple Amungme a subi des injustices et une baisse significative de sa qualité de vie.

« Depuis la signature du Contrat de travail I (1967), du Contrat de travail II (1991), jusqu’au passage à une licence d’exploitation minière spéciale (IUPK) en 2018, qui a fait du gouvernement indonésien l’actionnaire majoritaire à hauteur de 51 %, les répercussions sur la justice et le bien-être de la communauté sont très minimes », a-t-il raconté.

Depuis 2018-2021, PT Freeport Indonesia a mené une étude d’Amdal sans impliquer les gens directement affectés par les activités de PT FI.

« PT FI choisit d’interagir avec les groupes communautaires qui soutiennent la continuité de ses activités. Cependant, ces groupes ne représentent pas les personnes directement affectées par l’exploitation minière », a-t-il ajouté.

Il a poursuivi que cette décision soulevait clairement des questions concernant l’inclusion dans la préparation de l’Amdal, qui devrait inclure les différents points de vue et intérêts des communautés affectées.

« Monsieur le Président, que nous respectons, il convient de noter que depuis que cette société est présente sur nos terres coutumières, les droits fondamentaux des peuples autochtones ont été ignorés. Les peuples autochtones, en tant que propriétaires de terres coutumières et de montagnes sacrées, n’ont jamais été impliqués dans la préparation du Contrat de travail I (1967), du Contrat de travail II (1991), du Permis spécial d’exploitation minière (2018), de la cession de 51 % des parts, de l’extension du contrat de travail de 2018 à 2041, puis à 2061, ainsi que dans la préparation de l’Amdal », a-t-il détaillé.

Il a annoncé que le peuple autochtone Amungme souhaitait faire part de ses préoccupations directement au président, car il ressentait l’impact direct des activités minières de PT FI sur la montagne sacrée de Nemangkawi.

« Monsieur le Président, n’oubliez pas que nous sommes les propriétaires d’un capital sous la forme de tous les aspects de la nature, y compris la terre, les forêts, les montagnes, les rivières – celles que nous habitons ou pas et celles qui sont sur la terre ou dans la terre », a-t-il rappelé.

De leur côté, le gouvernement indonésien et PT FI disposent de capitaux sous forme d’argent, de main-d’œuvre et de technologie.

« On apprécie vraiment les efforts du gouvernement en matière de développement économique et on se rend compte que la continuité des activités économiques est un impératif. Mais on espère aussi que les parties concernées peuvent considérer les impacts qu’on subit comme propriétaires de terres coutumières », a-t-il expliqué.

John Magal a également lancé un appel au président de la République d’Indonésie, Joko Widodo, pour qu’il accepte leur demande et y réponde.

« Premièrement, nous demandons au président de l’Indonésie de participer à la préparation de l’Amdal de PT Freeport Indonesia afin de garantir un examen transparent et la participation directe des parties intéressées. L’objectif de cette action est de prendre en compte ouvertement et clairement leurs intérêts et de s’assurer que les décisions sont orientées vers l’avenir », a-t-il commencé.

Deuxièmement, son parti a demandé au Président de la République d’Indonésie d’ordonner à PT FI d’interagir directement avec les propriétaires de droits coutumiers qui sont directement affectés par les opérations minières de PT FI. Cette demande se fonde sur la Loi n° 2 de 2021 portant modification de la loi n° 21 de 2001 concernant l’autonomie spéciale de la province de Papouasie, qui vise à protéger et à faire respecter la dignité, à affirmer et à protéger les droits fondamentaux des Papous indigènes, tant dans le domaine économique que dans le domaine socioculturel.

« La troisième et dernière demande concerne une part plus équitable des recettes pour la tribu Amungme, parce que depuis le début, la terre coutumière et la montagne sacrée appartiennent à la tribu Amungme. Mais aujourd’hui, ces terres et ces montagnes soutiennent également l’économie nationale, en particulier depuis que le gouvernement est devenu l’actionnaire majoritaire de PT FI », a-t-il conclu.

Compte tenu de la loi spéciale d’autonomie de la Papouasie et du droit coutumier de la tribu Amungme, qui stipule que les résultats de la chasse dans les villages d’autrui doivent être partagés à parts égales avec le propriétaire du village. « Ainsi, dans un souci de justice, nous demandons à M. le Président de considérer le pourcentage de partage des bénéfices pour les détenteurs de droits coutumiers avec des règlements qui favorisent la communauté des détenteurs de droits coutumiers »

Ceci est la déclaration signée par le directeur de LEMASA, Menuel John Magal, reçue par Jubi, le 24 janvier 2024, à Jayapura. (*)

 

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