Évêque de Jayapura : Le renforcement des troupes TNI/Polri à la terre de Papouasie fait peur aux gens

Wouma
L'évêque de Jayapura, Yanuarius Theofilus Matopai You. - Jubi/Rabin Yarangga

Jayapura, Jubi – L’évêque de Jayapura, Yanuarius Theofilus Matopai You, a dit que le déploiement des troupes des Forces armées indonésiennes (TNI) / la Police nationale (Polri) de l’extérieur de la Papouasie dans la tarre de Papouasie a fait vivre les résidents dans la peur et l’inconfort. Il a tenu ces propos lors d’une discussion intitulée « Quo Vadis la Papouasie, terre de paix ? » (Quo Vadis Papua Tanah Damai?) organisée par le Secrétariat de justice, paix et intégrité de la création (SKPKC) du franciscain de la Papouasie le lundi 29 janvier 2024 à Jayapura, dans la province de Papouasie.

« Le déploiement excessif des forces de sécurité est surprenant parce qu’il fait peur aux gens », a-t-il indiqué.

Yanuarius a continué que le déploiement des troupes des Forces armées indonésiennes (TNI) / de la Police nationale (Polri) à la terre de Papouasie au nom de la défense de la souveraineté de l’Indonésie a eu un impact considérable sur la vie des civils, qui étaient déjà traumatisés par les forces de sécurité.

« Les TNI/Polri sont venus défendre l’Indonésie contre l’Armée de libération nationale de Nouvelle-Guinée occidentale (TPNPB) qui veut l’indépendance de la Papouasie. Cette situation a effrayé les habitants et les a rendus traumatisés par les forces de sécurité », a-t-il poursuivi.

Yanuarius se demande pourquoi le gouvernement central continue d’envoyer des forces de sécurité à Tanah Papua, alors qu’il n’y a pas de guerre à la terre de Papouasie. Selon lui, l’approche sécuritaire utilisée par le gouvernement ne fera qu’accroître la violence dans cette région.

Papouasie
Un séminaire intitulé « Quo Vadis la Papouasie, terre de paix ? » (Quo Vadis Papua Tanah Damai?) organisée par le Secrétariat de justice, paix et intégrité de la création (SKPKC) du franciscain de la Papouasie le lundi 29 janvier 2024 à Jayapura. – Jubi/Theo Kelen

« Le déploiement des forces de sécurité a rendu la sécurité en Papouasie encore plus difficile. Pourquoi on le fait encore aujourd’hui ? La Papouasie n’est pas une zone d’urgence militaire. Si la Papouasie est vraiment une situation d’urgence militaire, pourquoi le président ne l’a pas déclaré ? C’est dommage que les gens doivent quitter leurs villages, leurs jardins, et leurs affaires. Leur vie est très difficile et cela continue », a-t-il expliqué.

Yanuarius a déclaré que le gouvernement central devait ouvrir un espace de dialogue comme moyen rationnel de discuter et de trouver des solutions aux conflits qui se produisent sur la terre de Papouasie.

« Quelles sont nos fautes et nos péchés pour que le gouvernement central et le président nous permettent de vivre dans cette situation ? », a-t-il demandé

En 2023, l’Alliance démocratique pour la Papouasie a noté qu’au moins 10 250 soldats des TNI et 1 416 policiers venant de l’extérieur de la Papouasie ont été envoyés et stationnés dans la Papouasie. Des milliers de membres des forces de sécurité ont effectué diverses missions, notamment l’Opération de paix de Cartenz, les opérations de sécurité frontalière Indonésie et Papouasie-Nouvelle-Guinée, les opérations territoriales communautaires, les opérations de sécurité et d’ordre communautaires, les opérations de sécurité de PT Freeport Indonesia, les opérations de sécurité pour le développement des infrastructures et les opérations de sauvetage des pilotes de Susi Air.

Parler honnêtement de la Papouasie

Le directeur du Secrétariat de justice, paix et intégrité de la création (SKPKC) du franciscain de la Papouasie, Alexandro Rangga, a dit que toutes les parties devaient parler honnêtement des problèmes de la Papouasie afin que ceux qui ont des intérêts dans la terre de Papouasie prennent honnêtement des mesures pour instaurer la paix dans cette région. « On doit parler honnêtement de notre maison », a dit Alexandro à Jubi lundi.

Alexandro a indiqué qu’il fallait encourager la promotion de la paix en Papouasie, parce que des conflits continuent de s’y produire. Il craint que le conflit armé se répande et déclenche des conflits entre les citoyens, ce qui est très dangereux.

« Sinon, le slogan Papouasie Terre de Paix, lancé il y a 22 ans, ne restera qu’un slogan car c’est la société civile qui ne vit pas la paix, quelles que soient les décisions prises par l’élite politique. En fait, c’est aussi l’élite politique qui fait de plus en plus pression sur le peuple. C’est dangereux car chaque réaction anarchique des citoyens peut avoir un effet répandu sur la Papouasie », a-t-il ajouté.

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Le directeur du Secrétariat de justice, paix et intégrité de la création (SKPKC) du franciscain de la Papouasie, Alexandro Rangga. – Documentation par Bernard Koten

Alexandro a expliqué que toutes les parties – en particulier les étudiants et les jeunes – devraient commencer à encourager activement les efforts en faveur de la paix dans la terre de Papouasie par le biais de discussions. Par exemple, les étudiants de l’Universitas Cenderawasih peuvent ouvrir une salle de discussion en présentant des universitaires et des organisations de la société civile afin de susciter une compréhension plus large et plus objective de la Papouasie.

« Au niveau institutionnel, on a le devoir de faire de la sensibilisation. Les groupes de jeunes et les étudiants peuvent venir dans les villages et discuter avec les habitants, car ils subissent l’impact des politiques du gouvernement central et des autorités locales », a-t-il poursuivi.

Avelinus Lefaan, expert en sociologie à l’Universitas Cenderawasih, a dit que les non-Papous devraient aussi parler de la paix dans la terre de Papouasie et encourager le dialogue parce que cela est important pour trouver une solution au conflit de la Papouasie.

« Le concept de Papouasie, terre de paix, doit être renforcé. L’autonomie spéciale de la Papouasie ne fonctionne pas bien car elle n’a pas été expliquée et les gens dans les villages ne la comprennent pas. Elle n’est pas une question d’argent, mais d’autorité pour résoudre les problèmes en Papouasie. Il faut l’expliquer aux habitants pour que les programmes de développement naissent des habitants du village », a-t-il indiqué.

Yayak Masfiah, du Réseau de travail populaire (Jerat) de Papouasie, a dit au cours de la discussion « Quo Vadis la Papouasie, terre de paix ? » que les Papous ont des points de vue différents sur la Papouasie de terre de paix. Tous les Papous ne perçoivent pas le dialogue et la Papouasie de terre de paix comme de simples questions politiques ou des conflits papous.

« Quand je discute avec les habitants de Merauke, ils interprètent la Papouasie terre de paix comme une garantie de soins de santé gratuits. Certains y voient également une facilité d’accès à l’emploi. C’est au-delà de mes espérances », a-t-il indiqué.

Yayak a déclaré qu’il fallait élaborer des lignes directrices pour faire de la Papouasie la terre de la paix. Selon Yayak, c’est important pour que ce ne soit pas seulement un concept discuté par les universitaires, les organisations non gouvernementales et les organisations de la société civile.

« Il doit y avoir des lignes directrices pour réaliser la Papouasie terre de la paix. Car il y a beaucoup de gens qui ont des compétences diverses, mais il est difficile de les mettre en œuvre. On doit donc élaborer des lignes directrices en collaboration avec les jeunes et les étudiants », a-t-il conclu. (*)

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