Amnesty : La police continue de disperser les manifestations en Papouasie et le gouvernement continue d’ignorer la voix de l’OAP

Amnesty
Usman Hamid, directeur exécutif d'Amnesty International Indonesia

Jayapura, Jubi – Amnesty International Indonesia et Amnesty International Australia ont publié un communiqué de presse conjoint en réponse à l’action de la police qui a dispersé une manifestation non violente dénonçant le projet d’expansion de la Papouasie et l’autonomie spéciale de la Papouasie à Jayapura, le vendredi 3 juin 2022. Amnesty considère que l’action de la police reflète l’attitude du gouvernement de l’Indonésie qui continue à ignorer les aspirations du Papous indigènes (OAP).

Amnesty a noté que la police avait dispersé à plusieurs reprises et continuait de disperser des manifestations pacifiques contre le projet d’expansion de la Papouasie et l’autonomie spéciale de la Papouasie. Ces mesures répressives ont été répétées vendredi.

« Les Papous indigènes ont le droit de protester pacifiquement contre les politiques gouvernementales sans risquer d’être arrêtés ou battus. Ces incidents répétés montrent que l’État n’a aucun respect pour les voix des Papous indigènes », a déclaré Usman Hamid, directeur exécutif d’Amnesty International Indonésie.

Amnesty a précisé que des manifestations pacifiques ont eu lieu dans plusieurs villes de Papouasie, notamment à Yahukimo, Paniai, Nabire et Jayapura. « Les activistes, les défenseurs des droits de l’homme et les Papous indigènes craignent que les nouvelles provinces ne servent de prétexte à une militarisation accrue de la Papouasie, étant donné que chaque province en Indonésie doit avoir son propre commandement militaire et sa propre force de police provinciale », peut-on lire dans le communiqué de presse conjoint d’Amnesty International Indonesia et Amnesty International Australia.

Amnesty a indiqué avoir reçu des informations selon lesquelles au moins 11 manifestants ont été blessés à Jayapura après que la police a dispersé par la force une manifestation dans le quartier de Waena, dont deux étudiants qui ont été blessés jusqu’au sang, apparemment à la suite de coups de bâtons de rotin infligés par la police. Amnesty a également noté que 22 manifestants ont été arrêtés par la police lors d’une manifestation à Nabire, vendredi.

Auparavant, le 10 mai 2022, des manifestants avaient organisé une manifestation similaire contre la formation de la Nouvelle région autonome (DOB). Ils ont été confrontés par la police en utilisant des bâtons et des canons à eau.

À ce moment-là, sept activistes papous – dont des membres de KontraS en Papouasie – ont également été arrêtés, bien qu’ils aient ensuite été libérés sans charge. « Cependant, la police a indiqué qu’ils faisaient l’objet d’une enquête pour des violations présumées de la Loi n° 19 de 2016 concernant les amendements à la Loi n° 11 de 2008 concernant l’information et les transactions électroniques pour avoir diffusé des invitations en ligne à participer à des manifestations », poursuit le communiqué.

Amnesty a souligné la répression policière lorsqu’elle a dispersé une manifestation contre l’expansion de la Papouasie et l’autonomie spéciale de la Papouasie à Dekai, la capitale de la régence de Yahukimo, le 15 mars 2022. Lors de la dispersion de la manifestation, deux manifestants – Yakob Meklok et Esron Weipsa – sont morts.

« Les manifestations d’aujourd’hui et la réaction de la police ne sont que le dernier incident parmi tant d’autres qui montrent que les préoccupations des Papous indigènes ne sont même pas écoutées, et encore moins prises en compte », a ajouté Sam Klintworth, directeur national d’Amnesty International Australia.

Amnesty a signalé que les actions répressives de la police se sont produites à plusieurs reprises et de manière continue. Les actions répressives de la police ont également été observées lors d’un certain nombre de manifestations contre la Loi n° 2 de 2021 concernant le deuxième amendement à la Loi n° 21 de 2001 concernant l’autonomie spéciale pour la province de Papouasie (la nouvelle Loi sur l’autonomie spéciale pour la Papouasie). La nouvelle loi sur l’autonomie spéciale pour la Papouasie constitue désormais la base sur laquelle la Chambre des représentants indonésienne (DPR RI) et le gouvernement central pourront faire l’objet d’une expansion unilatérale de la Papouasie.

Le 14 juillet 2021, au moins quatre étudiants ont été blessés à Jayapura après des affrontements avec les forces de sécurité. La police aurait frappé les manifestants à coups de poing, de fusil et de matraque en caoutchouc. Le 15 juillet, la police a dispersé des manifestants devant le siège de DPR RI à Jakarta. Au moins 50 personnes ont été arrêtées. Un manifestant a raconté avoir été battu, frappé à coups de poing et de pied et victime d’insultes racistes de la part de membres des forces de sécurité, avant d’être embarqué dans un camion et emmené au siège de la police de Jakarta. Le 16 août, lors d’une autre manifestation à Jayapura, les forces de sécurité ont utilisé des canons à eau, des matraques en caoutchouc et des balles de bâton pour disperser les manifestants.

Usman Hamid a critiqué le gouvernement indonésien qui continue à exprimer son désir de construire et d’améliorer le bien-être des Papous indigènes, mais qui ne cesse d’entraver l’expression des opinions des Papous indigènes. « Comment les Papous peuvent prospérer si leurs efforts pour exprimer leurs opinions et leurs aspirations se heurtent à la violence ? », a questionné Usman.

M. Klintworth a exhorté la police à cesser de disperser les manifestations pacifiques. « Nous demandons instamment aux autorités indonésiennes de libérer toutes les personnes détenues pour avoir manifesté pacifiquement. La police doit également mener des enquêtes rapides, indépendantes et impartiales sur les allégations d’usage excessif de la force et veiller à ce que des incidents similaires ne se reproduisent pas », a insisté M. Klintworth. (*)

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