AMAN : La liberté d’expression des peuples autochtones en Papouasie réduite à néant

peuples autochtones
Une présentation intitulée « Les peuples autochtones en Papouasie » faite par Benhur Wally, chef de l'Alliance des peuples autochtones de Nusantara (AMAN) de Jayapura, vendredi (3/11/2023) à la rédaction de Jubi. -Jubi/CR-11

Jayapura, Jubi  – Benhur Wally, chef de l’Alliance des peuples autochtones de l’archipel (AMAN) de Jayapura, a dit que la liberté d’expression des peuples autochtones de Papouasie avait été sévèrement restreinte.

« L’espace des peuples autochtones est actuellement réduit par les politiques du gouvernement central », a indiqué Wally lors d’une présentation intitulée « Les peuples autochtones en Papouasie » aux futurs journalistes de Jubi, vendredi (3/11/2023), à la rédaction de Jubi, Waena, Jayapura.

Wally a expliqué qu’il existe une politique du gouvernement central concernant les droits de propriété des terres coutumières en termes de défrichement effectué et géré par le gouvernement. Le déboursement des fonds du village a également rendu les villageois complètement dépendants du gouvernement central.

« Les peuples autochtones sont constitués de diverses tribus ayant des règles et des croyances coutumières différentes. Il faut un décret qui réglemente et garantisse l’existence de chaque tribu en Papouasie et dans d’autres régions de Nusantara et qui légitime les droits de chaque peuple autochtone en Indonésie », a-t-il continué.

Il a expliqué que le terme “peuples autochtones” n’est pas si nouveau, parce que l’Indonésie est un pays à forte population autochtone. Il estime qu’il y a 40 à 70 millions d’autochtones en Indonésie et que 20 millions d’entre eux sont membres de l’AMAN.

« Comme groupe minoritaire, les peuples autochtones sont souvent victimes de la stigmatisation, de la violence, de l’intimidation et de la criminalisation », a-t-il expliqué.

Selon Wally, la définition des peuples autochtones est parfois encore incorrecte. L’absence de loi sur les peuples autochtones a également un impact majeur sur la situation et la survie des peuples autochtones.

Le terme « Masyarakat Hukum Adat », a continué Wally, est une définition établie par le gouvernement central pour lier et réglementer les mouvements des peuples autochtones. « Ils établissent des règles mais ils ne donnent pas la liberté comme le prévoit l’article 33, paragraphe 3, de la Constitution de 1945 », a-t-il ajouté.

La gestion des forêts devrait être conforme à l’article 33, paragraphe 3, de la Constitution de 1945, qui stipule que « La terre et les eaux, ainsi que les richesses naturelles qu’elles contiennent, doivent être contrôlées par l’État et utilisées pour le bien-être optimal de la population ».

« Cet article tend à ne pas donner aux peuples autochtones la liberté de gérer et de réglementer leurs forêts coutumières », a-t-il constaté.

En effet, a-t-il poursuivi, si une entreprise étrangère ou quiconque souhaite gérer des cultures sur des terres coutumières, ce règlement permet à l’entreprise d’opérer librement sur les terres coutumières qui appartiennent aux tribus de Nusantara.

Le terme « Peuples Autochtones » et ses caractéristiques

AMAN assimile le terme « peuples autochtones » à celui de « indigenous people », utilisé dans le monde entier, qui désigne des groupes de personnes ayant une histoire, des origines et occupant des territoires coutumiers depuis des générations.

Les peuples autochtones possèdent des terres et des ressources naturelles transmises de génération en génération, des vies socioculturelles régies par le droit coutumier et des institutions coutumières qui les soutiennent.

Quatre éléments distinguent les peuples autochtones des autres groupes sociaux. Le premier élément est une identité culturelle commune qui comprend la langue, la spiritualité, les valeurs, les attitudes et les comportements qui distinguent le groupe des autres.

Le deuxième élément est le système de valeurs et de connaissances qui comprend la médecine traditionnelle, l’agriculture traditionnelle, les jeux traditionnels, les écoles traditionnelles et les connaissances traditionnelles.

Le troisième élément est le territoire coutumier, qui comprend les terres, les forêts, les mers et les autres ressources naturelles qui ne sont pas uniquement considérées comme des éléments économiques, mais aussi les systèmes religieux, la culture sociale, le droit coutumier et les institutions coutumières. Le quatrième élément est constitué par les règles d’organisation et de gestion du groupe lui-même en tant que groupe social, culturel, économique et politique.

Par ailleurs, a mentionné Wally, en se référant à la Déclaration des droits des peuples autochtones, les caractéristiques des peuples autochtones comprennent l’autoidentification, la continuité historique (avant d’être envahis par des puissances coloniales), la population d’origine (histoire de la population), le lien spirituel avec les terres et territoires coutumiers, les identités distinctives (langue, culture, croyances) et les systèmes socio-politiques et économiques distinctifs.

Avant la Déclaration des droits des peuples autochtones, la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) a été le premier instrument juridique international à reconnaître les peuples autochtones. Cette convention, adoptée en 1989, visait à réviser la convention n° 107 de l’OIT de 1957.

« Le principe fondamental de la convention est la protection des peuples autochtones, en particulier de leur culture, de leur mode de vie, de leurs traditions et de leurs coutumes », a-t-il déclaré.

En outre, a-t-il détaillé, l’origine est un facteur qui distingue clairement les peuples autochtones par rapport aux royaumes ou aux sultanats, parce que les royaumes ou les sultanats sont des concepts étatiques anciens, de sorte que les peuples autochtones ne sont pas identiques aux royaumes ou aux sultanats.

Depuis le début, a déclaré Wally, l’Indonésie a reconnu l’existence des peuples autochtones dans l’article 18 B, paragraphe 2, et à l’article 28 I, paragraphe 3 de la Constitution de 1945.

L’article 18 stipule que « L’État reconnaît et respecte les entités des sociétés de droit coutumieres ainsi que leurs droits traditionnels dans la mesure où ils existent encore et sont conformes au développement de la société et au principe de l’État unitaire de la République d’Indonésie »

L’article 28 I, paragraphe 3, stipule que « L’identité culturelle et les droits des communautés traditionnelles sont respectés conformément au développement de l’époque et de la civilisation »

Wally a également noté que divers récits et produits juridiques en Indonésie utilisent différents termes pour désigner les peuples autochtones, à savoir « communautés de droit coutumier” (masyarakat hukum adat), « communautés locales » (masyarakat lokal), « communautés traditionnelles » (masyarakat tradisional), « communautés autochtones éloignées » (komunitas adat terpencil) et « peuples autochtones » (penduduk asli).

En outre, il est également fait référence aux communautés locales en nagari dans la communauté autochtone Minangkabau à Sumatra occidental, ou « marga » (clan) dans la communauté autochtone Batak à Sumatra du Nord, ou Papous autochtones en Papouasie et en Papouasie occidentale.

Ces désignations peuvent également faire référence à des communautés locales plutôt qu’à des peuples autochtones dans le contexte de leur utilisation à Java ou dans les zones de transmigration, où un groupe de personnes habite une zone depuis des générations, si la désignation ne considère pas l’identité linguistique, les liens généalogiques ou l’héritage territorial comme des facteurs de différenciation.

« L’écriture “Peuples Autochtones” utilise également des lettres majuscules pour mettre l’accent sur les peuples autochtones comme sujets de droit », a-t-il conclu. (*)

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