Jayapura, Jubi – L’Alliance démocratique pour la Papouasie (AlDP) a dit que la construction d’un port à conteneurs à Depapre, dans la régence de Jayapura, dans le cadre de la politique de l’autoroute maritime du président Joko Widodo, était un projet voué à l’échec. Cette conclusion est le fruit d’une enquête sur la construction du port de Depapre dans le cadre de l’autoroute maritime menée par l’AlDP de juillet 2021 à octobre 2023.
C’est ce qu’a dit le coordinateur de la division de l’administration et des affaires générales de l’ALDP, Antoni Ibra Nalaki, lors de la présentation des résultats d’une enquête de l’ALDP intitulée « Politique de l’autoroute maritime, port à conteneurs, et engagement envers les peuples autochtones à Depapre, régence de Jayapura », vendredi (27/10/2023). Il a indiqué que ce projet du ministère des transports visait à ouvrir une nouvelle autoroute maritime sous le code T-19. Le projet devrait faciliter la connectivité en Papouasie et en Papouasie occidentale.
Ibra a ajouté que, dans la pratique, l’autoroute maritime de Depapre a posé de nombreux problèmes, qu’il s’agisse de la planification, de la construction ou de la gestion.
« L’AlDP a conclu que le programme avait échoué parce qu’il n’avait pas amélioré le bien-être et l’économie des gens. La route menant au port est aussi très endommagée et les fonds destinés à sa réparation ont été corrompus », a continué Ibra.
Ibra a mentionné que lors de la planification du port de Depapre, le gouvernement n’a impliqué que trois clans : Onggroitouw, Yarisetouw et Soumilena. En fait, d’autres clans vivant à Depapre, comme Demetouw et Supa, sont également touchés par le projet et ont les mêmes droits sur la mer, mais ils n’ont pas été impliqués dans le projet.
Ibra a expliqué que la préparation d’Étude d’impact sur l’environnement (Amdal) du développement du port de Depapre n’a pas impliqué et n’a pas été communiquée à la communauté autochtone en tant que propriétaire foncier coutumier. Selon lui, le document AMDAL et le plan principal du port de Depapre, qui ont été publiés en 2015, ne sont accessibles à la communauté autochtone de Depapre qu’en 2018, après que la communauté autochtone — accompagnée d’AlDP — a déposé une plainte pour litige concernant l’information publique auprès de la Commission de l’information de Papouasie.
« Les gens ne sont pas au courant de l’AMDAL. Le gouvernement n’a pas réfléchi à l’impact du projet sur les communautés autochtones. L’un de ces impacts est la perte des zones de pêche traditionnelles de Tiyatiki en raison de la poldérisation. L’État n’a pas reconnu les droits coutumiers sur les zones marines, donc la perte n’a pas été compensée. Le projet qui devait apporter la prospérité économique a au contraire causé des problèmes », a-t-il continué.
Ibra a fait savoir que le port de Depapre a été construit pour servir de port à conteneurs, ainsi que de port pour le transport du ciment et de l’huile de palme. Cependant, la construction du port de transport du ciment et de l’huile de palme n’a pas été réalisée jusqu’à présent. Quant au port à conteneurs, il n’effectue des chargements et déchargements qu’entre janvier et juillet 2021.
Ibra a fait remarquer qu’il y avait un manque de clarté sur la gestion du port entre le gouvernement central par l’intermédiaire de Pelindo, le gouvernement provincial de Papouasie et le gouvernement de la régence de Jayapura. Ibra a précisé que le gouvernement de la régence de Jayapura souhaite que les activités de chargement et de déchargement du port de Depapre soient gérées par une entreprise régionale qu’il a créée, PT Banyau, en collaboration avec PT Maritel Grup.
Ibra a confié que le recrutement de la main-d’œuvre au port de Depapre est également un problème. Huit villages du district de Depapre ont chacun affecté 300 personnes au chargement et au déchargement (TKBM), mais il n’y a pas eu d’activité au port. Par conséquent, ces personnes n’ont pas reçu le salaire convenu.
« Des milliers de TKBM ont été touchés. Par ailleurs, les opérations de chargement et de déchargement n’ont eu lieu que quatre fois. Ils ne sont payés que 20 000 roupies indonésiennes, et après cela, il n’y a plus d’activité de chargement et de déchargement », a-t-il détaillé.
Latifah Alhamid, de la division de la justice de l’ALDP, a dut que le port de Depapre avait changé de fonction, passant d’un port de conteneurs à un port de passagers à la fin de 2022, desservant le transport de passagers sur la route Jayapura – Waropen.
Cependant, les activités du port de passagers ne fonctionnent pas non plus de manière efficace et on ne sait pas combien de temps il fonctionnera. « Le transport maritime de passagers a commencé à la fin de 2022 et on ne sait pas jusqu’à quand il va fonctionner. Le changement de fonction en port à passagers n’a pas non plus été accompagné d’informations. Les résidents ont soudainement appris qu’il y aurait un service de croisière pour les passagers. D’après nos observations et nos entretiens, on a constaté qu’il n’y avait que quatre personnes qui montaient sur le bateau et moins de personnes qui en descendaient », a-t-elle expliqué.
Elle a déclaré que le projet de péage maritime au port de Depapre n’avait pas atteint ses objectifs. « La promesse qu’avec la construction du port, les résidents auraient des activités économiques telles que le commerce ou le travail dans le port ne s’est pas réalisée car il n’y a pas d’activité dans le port », a-t-elle déclaré.
Latifah a souligné qu’en dehors des quatre activités de chargement et de déchargement dans le port à conteneurs entre janvier et juillet 2021, il n’y avait plus d’autres activités de chargement et de déchargement.
« Il y a eu quatre voyages jusqu’à ce que le porte-conteneurs cesse de fonctionner. En juillet, le porte-conteneurs est venu mais n’a pas transporté de cargaison, et la route vers le port a aussi été bloquée. Des porte-conteneurs sont venus plusieurs fois au port, mais n’ont pas chargé. Après juillet 2021, des porte-conteneurs sont venus récupérer des conteneurs vides », a-t-elle déclaré. (*)
