Jayapura, Jubi – Quatre activistes du Comité national pour la Papouasie Occidentale (Komite Nasional Papua Barat/KNPB) qui ont été arrêtés lors de la dispersion de la commémoration de la mort de Mako Tabuni dans la ville de Jayapura mardi (14/6/2022) ont été libérés à 21 h 00. Ils ont été libérés par la police après avoir été interrogés au Commissariat de police de la ville de Jayapura pendant plusieurs heures.
Les quatre participants à la commémoration de la mort de Mako Tabuni qui ont été arrêtés par la police lors de la dispersion de la manifestation mardi après-midi sont Wene Kilungga (23 ans), Vara Iyaba (21 ans), Edi Tabuni (19 ans) et Ferry Molama (22 ans). Ils ont été arrêtés à Perumahan 3 Waena 3, Jayapura, vers 14 h 30.
Wene Kilungga a rappelé que la police a soudainement dispersé le rassemblement qui était organisé pour commémorer le 10e anniversaire de la mort de Mako Tabuni. La dispersion a été effectuée sans négociations préalables. « Ils (les policiers) ont immédiatement dispersé la manifestation, puis ont battu les manifestants, avant de leur tirer dessus avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes », a dit Kilungga à Jubi.
Kilungga a indiqué ne pas avoir résisté à la police, mais il a tout de même été arrêté et conduit au Commissariat de la police de Jayapura. Lui et trois de ses amis ont alors été interrogés sur leur participation à la manifestation organisée pour commémorer la mort de Mako Tabuni.
La question de la police est : « Qui a invité à faire ce rassemblement et pourquoi vous avez fait quelque chose comme ça ? », a-t-il détaillé.
Le secrétaire général de KNPB pour la région de Numbay, Benny Murib, a affirmé que la commémoration de la mort de Mako Tabuni était un rassemblement pacifique. Cependant, l’action a été dispersée par la police vers 14 h 30.
Selon lui, les forces de police étaient assez nombreuses, jusqu’à trois camions. La police a également tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants. « Certains de nos amis ont été touchés par des balles en caoutchouc, d’autres ont été frappés et ont reçu des coups de pied », a raconté Murib à Jubi.
Murib a estimé que l’approche répressive de la police ne ferait que s’ajouter à la longue liste des violences perpétrées par les forces de sécurité. Il espère que le chef de la Police provinciale de la Papouasie (Kepala Kepolisian Daerah/Kapolda Papua) prendra des mesures fermes contre les policiers qui ont exercé des violences contre les manifestants. « Il doit y avoir une procédure judiciaire contre les policiers qui ont tiré sur les manifestants », a-t-il poursuivi.
Le directeur de l’Institut d’aide juridique de Papouasie (LBH), Emanuel Gobay, a jugé que la dispersion de la commémoration de la mort de Mako Tabuni montrait le manque de professionnalisme de la police dans la gestion des manifestations pacifiques. « Cette dispersion montre la brutalité de la police. Pas de dialogue du tout. Ils ont immédiatement dispersé la manifestation de masse », a-t-il commenté.
Par ailleurs, le chef de la Police de la ville de Jayapura, Victor Mackbon, a déclaré dans un communiqué de presse écrit reçu par Jubi que la police ne tolérerait aucune forme d’activités du KNPB. Mackbon a annoncé que la police avait dispersé la commémoration de la mort de Mako Tabuni à Jayapura mardi parce que l’activité avait été organisée sans lettre de notification à la police.
« La manifestation est un acte de commémoration de l’un de leurs membres qui est décédé. Le KNPB continue d’essayer de provoquer et d’inciter le public à soutenir le programme du KNPB, à savoir la grève civile nationale », a ajouté Mackbon.
Il a précisé que la dispersion de la commémoration de la mort de Mako Tabuni était conforme au règlement. « Auparavant, nous leur avions conseillé de se disperser immédiatement. Puisque notre appel n’a pas été entendu, des actions décisives et mesurées ont été prises pour disperser les manifestations de masse qui perturbent l’ordre public », a-t-il souligné. (*)
